De 1843, ces deux nocturnes opus 55 ne sauraient être mis sur le même pied. Bien que très populaire, et d’ailleurs tout à fait réussi, le n0 1 en fa mineur, avec son thème initial aux apparences d’air folklorique, semble regarder vers le passé ; en particulier, à partir de la brillante cadence de sa partie centrale, il verse dans « une dialectique démonstrative qui jure en ces ultimes années »50. Rien de tel dans le no 2 en mi bémol majeur, où comme dans les deux qui vont suivre, Chopin « fait élection d’une patrie intérieure », donnant l’impression de se retirer du monde. C’est ce que suggèrent « le calme, la lumière, la ferveur mélodique, la grâce harmonique, la solubilité rythmique [de cet admirable Nocturne]. Son miracle, c’est surtout d’avoir l’air improvisé quand il est, en réalité, si subtil et si savant. Aucun épisode n’y vient interrompre le chant, mélodie infinie qu’accompagne le flux pareillement incessant des arpèges ; mélodie souvent à deux voix, et même trois : celles qui se répondent dans la main droite ; celle que la gauche, au bout de son mouvement d’arpèges, vient y ajouter. Ce contrepoint si ductile, fruit d’une oreille infaillible, est mué aussitôt en pure poésie… »51
Frédéric Chopin, Nocturne opus 55 no 1, en fa mineur, par Claudio Arrau.Sacre Guy, La Musique de piano, Robert Laffont, Paris 1998, p. 690.
51. Ibid., p. 690.
Michel Rusquet
16 octobre 2020
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