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17 décembre 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

Les Quatre saisons d'Alexandra Conunova

Alexandra Conunova et ses amis, Le quatro stagioni d'Antonio Vivaldi. Aparté 2020 (AP 242).

Enregistré par Little Tribeca, août 2020.

Lorsque nous avons, voici quelques années, visité Prague, nous avons été surpris par une population si mêlée et jeune se rendre à l’Opéra, en faisant un petit effort de toilette sans ostentation, peu de jean, une chemise, une veste. Ce qu’on pouvait appeler naguère « les habits du dimanche », mais de manière très décontractée. Il faisait chaud, nous n’avions rien prévu pour le dimanche. Nous regrettons encore de n’avoir pas eu la présence d’esprit d’urbaniser quelque peu, dans une grande surface quelconque, notre garde-robe de touriste T-shirt et Jean baskets, afin de nous pouvoir mêler à ces gens qui se rendaient si naturellement à l’Opéra.

Par contre, être racolé si souvent aux quatre coins des rues et des églises pour assister à un concert des Quatre saisons de Vivaldi, nous paraissait contradictoire, voire assez incongru, d’autant que Prague à une magnifique tradition de musique de chambre, une identité s’opposant à l’occupation autrichienne.

Ces quatre concertos, composés en 1723, font partie de l’Il cimento dell’armonia e dell’inventione / L’épreuve de l’harmonie et de l’invention, l’opus 8 édité deux ans plus tard, dédicacé au comte pragois Wenzel von Morzin ou Václav z Morzinu (1675-1737), qui entretenait à grands frais une chapelle musicale de qualité. On lit dans cette dédicace : « Je vous prie instamment de ne pas être surpris quand Votre Altesse découvrira, parmi ces quelques modestes concertos, les Quatre Saisons, qui ont bénéficié, il y a si longtemps, de votre généreuse magnanimité. ».  Dans les papiers du mécène, Vivaldi apparaît comme maître de sa chapelle. Maître de chapelle à distance, il était chic à l’époque d’avoir à son service un maestro italien.  De plus, on peut rapprocher les quatre saisons musicales de Vivaldi des quatre sculptures allégoriques sur le même thème, ornant le château du comte. Ainsi peut-on considérer les Quatre saisons comme patrimoine de la ville de Prague. Une justification qui s’ajoute à celle d’être l’œuvre de musique classique la plus plébiscitée du grand public, la plus efficace pour attirer le touriste musant avec quelque ennui dans les rues à extrémité ou à l’autre du Pont Charles.

C’est un peu l’idée qui a visité la violoniste Alexandra Conunova, en réunissant de ses amis autour des Quatre saisons, pour offrir en ces temps troublés, la quadruple œuvre de musique classique la plus fédératrice.

Quatre œuvres liées et à programme, non pas soutenues par les quatre statues du  château Morzinu, mis par quatre poèmes, des sonnets, qu’on attribue également à Vivaldi, qui aident entre aboiements, chant des oiseaux, coups de vent, à décrypter les choses, dans les paysages des tutti et les détails solistes.

Antonio Vivaldi, Concerto n0 4 en fa mineur, opus 8 (RV 297), « Hiver », I. Allegro Non Molto (plage 4).

 

 Jean-Marc Warszawski
17 décembre 2020


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Dimanche 27 Décembre, 2020 1:44