The Woods so wild, Consort Brouillamini, airs de la Renaissance anglaise, transcrits pour flûtes à bec. Paraty 2020 (Paraty 520268).
Une photo de pochette un peu foutraque, cherchant un peu de surréalisme excentrique, cinq flûtistes dans le vent soufflant pourtant la Renaissance. La Renaissance anglaise. L’Angleterre aussi renaquit qui aujourd’hui renâcle.
Le livret est quant à lui plus convenu dans l’historicisme habituel des musiciens jouant le passé musicalement assez lointain, dont on ne sait pas grand-chose et dont on ne saura pas grand-chose. Jamais, même s’il ne faut jamais dire jamais. Le son ne se conservait pas encore, les traités dont on parle beaucoup ne s’intéressaient pas à la pratique instrumentale, et quand bien même l’auraient-ils fait, se bien tenir à l’instrument, bien souffler, correctement boucher les bonnes perces, etc., ne suffit pas à bien jouer la musique aujourd’hui, en pensant au lointain passé qu’on de reconstituera pas.
D’ailleurs les cinq n'ont appris à tutoyer leurs instruments dans les vieux grimoires, mais dans les conservatoires, auprès de maîtres, dont Hugo Reyne, qui vient de suicider son ensemble, la Sinfonie du Marais, Marc Armangaud, Claire Michon et autres. Venant d’Espagne, de la Vallée de Chevreuse, du Nord, de la région toulousaine ou d’Aquitaine, le club des Cinq au complet s’est retrouvé dans la classe de Pierre Hamon au Conservatoire supérieur de Lyon, où ils se sont pris de bec et formé leur consort Brouillamini, voici une dizaine d’années, chacun gardant la liberté de se produire dans de nombreux autres ensembles et d’enseigner. Un consort est le nom qu’on donnait à des ensembles d’instruments de même famille.
Après un cédé consacré à Johann Sebastian Bach, voici le second qui s’attaque à des compositeurs anglais du xve siècle, voire, comble de modernité du xvie siècle avec Matthew Locke et Henry Purcell. Comme pour le premier enregistrement, pour se mieux servir et mieux servir, Brouillamini a recours à des transcriptions maison.
C’est bien ficelé, le timbre d’ensemble cohérent comme un orgue positif, le son est beau, la virtuosité sans défaut comme pour tous les musiciens d’aujourd’hui, les voix polyphoniques parfaitement différenciées, le répertoire sympathique, la manière de le mener plein de fraîcheur. Woods so wild without wolves are not so wild. Music tames everything.
Œuvres d'Anthony Holborne, William Byrd, Christopher Tye, Hugh Aston, Robert Johnson, John Coprario, John Adson, William Mundy, Matthew Locke, Henry Purcell, et anonymes.
Anonyme, Pakington's Pownde, plage 8.
Jean-Marc Warszawski
8 octobre 2020
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