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Paris, Cathédrale Saint-Louis, 26 janvier 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

La Bataille des Invalides de l’ensemble Clément Janequin

Dominique Wisse (haute-contre), Hugues Primard (ténor), Francisco Manalich (ténor, viole de gambe), Vincent Bouchot (baryton), Igor Bouin (baryton), Renaud Delaigne (basse), Yoann Moulin (orgue). Photographie © musicologie.org.

C’est avec l’ensemble Clément Janequin que le musée des Armées a clôt le cycle de concerts « Canons de l’élégance et trompettes de la Renommée », en relation bien entendu avec les thématiques de ses expositions.

Pionnier du genre, l’ensemble, créé en 1978, est toujours quarante ans plus tard, au plus hauts des niveaux, même quand il s’éloigne de son répertoire fondateur de la Renaissance.

De la Bataille d’Azincourt en 1415 à la Grande Guerre, il a chanté et bruité, de siècle en siècle, celle de Marignan (1515), du Canet (1615), le siège de Stralsund (1715) et la bataille fatale de Waterloo (1815), avec des chansons, des madrigaux, des cantates, en français vieux et moins vieux, latin, espagnol, anglais vieux et moins vieux, sur des musiques de Jean Mouton, Clément Janequin, Johannes Courtois, Paschal de l’Estocart, mais aussi plus rare de Mateo Flexa (1481-1553), rarissime, d'Alfred Hector Roland (1797-1874), fonctionnaire, vérificateur des impôts de son état, tombé en état de grâce à Bagnères-de-Bigorre, où il fonde le Conservatoire, avant de partir avec quarante chanteurs « Montagnards » amateurs dans une tournée mondiale et assez mystique d’une vingtaine d’années.

On apprécie le métier accompli des Janequin, la mise en place et l’équilibre, soutenus par une viole de gambe et un positif, dans les complexités polyphoniques, les jeux des onomatopées, les magnifiques et fantomatiques nappes harmoniques des deux extraits des « Madrigaux de guerre » (1992) de Denis Levaillant, l’introspection des prières, l’humour lourd qu’on porte à la soldatesque, contrefeu à l’enfer du front et à la peur, ou moquerie envers l’ennemi, notamment dans le détournement humoristique du Cri du Bagnérais, « Grand mélologue », qui n’était certainement pas une pochade quand il fut chanté par les Quarante montagnards d'Alfred Roland, sur le site de la bataille de Waterloo en 1840. Il est tout de même difficile de résister à la naïveté sans fond d’un tel texte.

Puis la franche rigolade avec « Le cri du poilu » de Vincent Scotto, une chanson et une interprétation sur lesquelles a plané l’esprit des Frères Jacques. Le concert se termine tout de même en clair-obscur avec « Morte est la mort » de Paschal l’Estocart, sur un poème extrait des Octonaires sur la vanité et inconstance du monde (1582), d’Antoine de Chandieu.

En bis, surprise décalée mais sensée, El pueblo unido jamás será vencido de Sergio Ortega, popularisée par les Quilapayún et par ailleurs sujet de magnifiques variations fleuves de Frederic Rzewski.

 

 Jean-Marc Warszawski
26 janvier 2020

© musicologie.org


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bouquetin

Vendredi 7 Février, 2020 4:25