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13 janvier 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

L'organiste Yoann Tardivel fantaisiste de Camille Saint-Saëns

Camille Saint-Saëns, Improvisations et autres fantaisies, Yoann Tardivel, orgue Merklin de l'église Saint-Michel de Bordeaux. Hortus 2019 (Hortus 172).

L’organiste Yoann Tardivel est passé par les conservatoires de Paris, de Rueil-Malmaison, et du national supérieur de Paris. Il a eu comme professeurs Michel Bouvard, François Henri Houbart, Olivier Latry, et aussi pour l’improvisation Philippe Lefebvre et Thierry Escaich.  Il s’est perfectionné au Conservatoire Royal de Musique de Copenhague sous la direction de Bine Bryndorf, au Conservatoire Royal de Bruxelles avec Jean Ferrard et Bernard Foccroulle dont il a été l’un des assistants. Il a également suivi les cours de direction d’orchestre auprès de Dominique Ruits à l’École normale de  musique de Paris.

Il développe une carrière internationale d’organiste, il est producteur au sein de la chaîne radiophonique musicale Belge Musiq3, et enseigne à l’École supérieure des arts de Mons.

Après un cédé consacré aux œuvres de Jehan Alain (Hortus 2001), un autre à celles de César Franck (Hortus 2017), il présente, avec ce troisième album, des œuvres moins attendues pour ce qui concerne le répertoire d’orgue, avec les trois fantaisies et les sept improvisations de Camille Saint-Saëns.

L’orgue n’est pas la première chose qui vient à l’esprit quand on évoque Saint-Saëns, cela n’y vient le plus couvent pas du tout. Pourtant il commencé sa carrière à la tribune de l’église Saint-Merry de Paris, puis il a passé vingt années à celle de La Madeleine. Bien après avoir abandonné toute charge d’organiste, il est même nommé titulaire de l’église Saint-Séverin en 1897.

Il a composé peu d’œuvres liturgiques, et peu pour l’orgue de concert, sinon la première fantaisie qui date de 1857, l’année au cours de laquelle il passe à l’orgue de La Madeleine, trois rhapsodies sur des cantiques bretons, de la même année, puis en 1863, transcrit de Franz Liszt, La prédication aux oiseaux, la symphonie d’orgue (1886), préludes et fugues en 1894, la seconde fantaisie en 1895, les sept improvisations, publiées en 1917. Encore faudrait-il éclaircir la frontière souvent inexistante entre musique liturgique et musique de concert, s’agissant en fait de l’appréciation qu’on peut avoir de la « décence » musicale appropriée au culte (les sept improvisations sont clairement liturgiques). On imagine donc que Saint-Saëns jouait à l'église des pièces d’autres compositeurs et surtout improvisait, avec un art qui impressionna Franz Liszt venu l’écouter.

On prendra donc intérêt pour ce cédé, car on enregistre beaucoup moins souvent les pièces d’orgue de Saint-Saëns que les valses de Chopin. Aussi parce que c’est Saint-Saëns qui compose avec une habileté rare et une aptitude à faire siennes de nombreuses influences, que ses œuvres, malgré sa réputation d’attardé historique, conservent, comme le remarque justement Yoann Tardivel, une fraîcheur inoxydable, certainement grâce à la perfection de la facture musicale et à la suretré du goût et au sens poétique.

Peut-être est-ce en raison de cette fraîcheur et clarté, qui demandent une grande précision d’interprétation, qu’on imagine mal l’orgue de Saint-Saëns, instrument austère, un peu lourd, terribmamanty vibrant et sifflant des harmoniques parfois dissonantes, dans des milieux à forte réverbération qui brouille un peu les choses.

Mais Yoann Tardivel a trouvé l’orgue idéal à Bordeaux et pris le bon parti esthétique, clarté, tempo, mixtures : il nous offre à n’en pas douter du Saint-Saëns dans le texte, classique hors temps, clair, distinct, incisif et pas mal introspectif, on est tout de même dans une église.

Camille Saint-Saëns, 7e improvisation, plage 8 (extrait).

 

 

 Jean-Marc Warszawski
13 janvier 2020

© musicologie.org


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