Hérouville-Saint-Clair, le 13 février 2020 —— Alain Lambert.
D.Tanguy, E.Duprey, R.Fleury et J.-B. Culot. Photographie © Alain Lambert.
En première partie dans l'auditorium du conservatoire d'Hérouville, Déborah Tanguy avec Emmanuel Duprey au piano, Rénald Fleury à la contrebasse et Jean-Benoît Culot à la batterie. Une voix grave et profonde, un scat puissant et pas mal d'humour pour présenter les standards peu connus ou les morceaux retenus de ses aventures musicales en Afrique du Sud. Deborah est passée par le Caen Jazz Action avant de partir vers la capitale, comme bien d'autres, son voisin au piano par exemple. En l'entendant valser sur son clavier, on comprend pourquoi. Mais les deux restés au pays tiennent bien la route aussi, section rythmique impeccable, toujours professeurs au CJA.
Pour le second concert au Café des arts, un peu plus loin, dont les patrons animaient il y a 25 ans le café en sous-sol du cinéma voisin, avec la jam-session du jeudi soir, Annette Banneville, une voix de soprano cette fois, au scat plus aérien, est fort bien accompagnée de François Chesnel au piano, arrangeur aussi, Nicolas Talbot à la contrebasse et Benoît Le Goff à la batterie. Quelques standards bien choisis, Monk, Horace Silver, Charlie Parker, une ballade irlandaise... et un de Dominique Voquer disparu il y a dix ans, qui donna des cours au CJA en son temps aussi.
A. Banneville, F. Chesnel, B. Le Goff, N. Talbot. Photographie © Patricia Segretinat
Le Caen Jazz Action donc, fondé en 1979 par Patrice Cotensin, avec entre autres Jacques Pépin Lehaleur, Olivier Lagnel, Catherine Blot, Bernard Louvel (aux affiches sérigraphiées), avait d'abord eu la volonté de proposer sur Caen des concerts de musiciens internationaux, Steve Lacy, Enja Kundgali, Anthony Braxton, Michel Portal avec Joachim Khun et Jean François Jenny Clark, James Newton avec Anthony Davis, les frères Heath, Eddy Louiss...
En 1980, des stages d'une journée à l'école normale sont proposés. Je me souviens de celui, ardu, avec Jeff Gilson sur l'harmonie, ou celui avec Pierre Cullaz, terminé par un blues à deux guitares entre le prof invité et Dominique Voquer, alors guitariste d'Impulsion 4tet. Je me souviens de celui, en 1983, sur une semaine, avec Tony Pagano, saxophoniste américain méconnu alors installé à Caen, et deux ans plus tard, celui sur un trimestre avec Martial Pardo, parti depuis vers Lyon.
Les stages ont donc pris, parfois douloureusement pour les membres fondateurs, de plus en plus de place, avant de devenir des cours réguliers au sein de l'école de musique d'Hérouville.Tous les musiciens de ce soir y ont appris ou donné des cours à un moment ou un autre.
Toute une histoire qui s'ajoute à celle déjà racontée [voir notre chronique sur les 40 ans de jazz dans les foyers] et qui explique la vitalité du jazz caennais aujourd'hui.
Alain Lambert
13 février 2020
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