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11 novembre 2020 —— Alain Lambert.

Cinq cédés jazzy à savourer en Brumaire

Le groupe électrique et éclectique suédois Oddjob avec Kong et Jazzoo, le dernier concert solo de Keith Jarrett à Budapest, le groove cuivré de l'octet Old School Funky Family avec Tonus, le subtil Swicht Trio avec In Town et l'inusable Aldo Romano toujours Reborn.

Oddjob

Kong par Oddjob (Outnote 2020). En cette période où se tient habituellement le festival des Boréales autour de Caen, aujourd'hui tristement confiné, on se souvient y avoir entendu ce groupe suédois il y a quatre ans avec son énergie héritée de Weather Report, et acclimatée à la suédoise, comme le fait entendre le premier morceau presque polska. Mais le second sonne plus world (Kali Ma) et les ambiances se développent et alternent le chaud et le froid, le vif et le doux au gré des huit titres. Peter Forss est à la basse et à la guitare, Per Johansson aux vents divers, Daniel Karlsson aux claviers, Goran Kajfes à la trompette et Lars Skoglund aux percussions. Tous en fusion, ayant coécrit et arrangé, mêlant les individualités sonores dans ces multiples aurores musicales.

Jazzoo

Oddjob a aussi proposé cet été la compilation des deux volumes de Jazzoo (Outnote 2020), soit 25 courtes pièces instrumentales illustrant 25 comptines en anglais, français et allemand, pour autant d'animaux du zoo jazz, serties dans un livret joliment coloré. Pour les petites oreilles des mélomanes jazzy du futur. Et c'est bientôt Noël.

 

Keith Jarrett

Budapest Concert (ECM 2020) sort au moment où le pianiste Keith Jarrett, à 75 ans, annonce qu'il ne pourra plus se produire, depuis ses problèmes de santé en 2018. Et la date de ce concert en solo de 2016 en fait le plus récent jamais publié. Dans la ville de ses lointaines origines européennes. Douze parties closes par un blues et deux autres rappels en standard. La première est la plus longue, la plus abstraite, sur un swing quasi sériel. La seconde, sur des accords contemplatifs, nous ramène dans l'univers des mélodies chantantes, que parfois la syncope appuyée peut désarticuler, mais brièvement. Avant ce retour au blues primordial en final. Puis It's a Lonesome Old Town et Answer Me, deux ballades à la fois prophétiques et apaisées. Un superbe concert à jamais conservé.

 

Aldo Romano

Reborn (Le Triton 2020) du batteur et compositeur Aldo Romano indique aussi la continuité, car lui n’arrête pas, et il sera sur scène, après le confinement, avec son nouveau sextet (Henri Texier, Géraldine Laurent, Baptiste Trotignon, Enrico Rava, Darryl Hall) issu d'une série de concerts donnés au Triton en mai 2019, avec ces musiciens ou d'autres avec qui il a fait carrière (Michel Benita, Glenn Ferris, Yoann Loustalot, Mauro Negri, Jasper Van't Hoff), et les morceaux phares de ces diverses époques (Annobon, Petionville, Il Piacere, Dreams and Water, Positano, Spring Time) mais aussi du Zappa (Twenty Small Cigars) ou du Glenn Ferris (Sud Ouest Jump)... Un régal.

 

Old School Funky Family

Tonus (Pleins Poumons Production 2020) de Old School Funky Family, c'est un batteur souvent compositeur lui aussi, Jérôme Martineau Ricotti, allié à cinq cuivres, Pierre Latute au sousaphone, Julien Buros au sax baryton, David Mimey au ténor, Illyès Ferfera à l'alto, Paul-Antoine Roubet au soprano, plus Arthur Guyard au clavier et Paul Vernheres à la guitare électrique. Un octet puissant auquel se joint l'accordéon de Maider Martineau sur Le bon, la brute et le centriste ou la voix de Rebecca M'Boungou sur Closer to Eternity, et ses percussions sur Dean Town. Big Blow est un thème de Manu Dibango qui sonne aussi comme un hommage. Tonus, le titre tout en funk électrique, résume bien l'ensemble OSFF.

 

Fred Nardin

In Town (Jazz Family 2020) du Switch Trio de Fred Nardin, piano, Maxime Fougères, guitare, et Samuel Hubert, contrebasse, débute par une belle reprise du rare Blue Tempo du guitariste René Thomas qu'il avait joué avec Eddy Louis et Kenny Clarke. Un autre trio pour un nouvel arrangement très réussi de ce très beau thème, qui donne le ton de ce bel album où les compositions, dont l'une fort explicite, du pianiste (Don't Forget the Blues, Mister K.B.) du guitariste (Ding) se mêlent à des standards peu connus qui se révèlent sous leurs multiples doigtés. Sauf le dernier thème, confié à la contrebasse, comme une esquisse, Take The A Train, de Billy Strayhorn pour le grand orchestre de Duke Ellington.

Alain Lambert
11 novembre 2020
© musicologie.org


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