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18 septembre 2020 —— Alain Lambert.

Cinq cédés jazz pour savourer la fin de l'été

Un duo et quatre presque quintettes, drôle de mathématique ! Mais il y en a pour toutes les oreilles. La chanteuse Lea Deman avec Blackrain, le duo accordéon saxo Peirani Parisien  avec Abrazo, le chanteur David Linx avec Skin In The Game, le batteur Raphaël Pannier avec Faune et le saxophoniste Éric Seva avec Mother of Pearl.

Claude Barthélemy

Blackrain (Tomato/Urban Noisy 2020) est un album entre jazz et rock arrangé par le guitariste Claude Barthélemy avec  aussi Stéphane Guery aux guitares, Jean Luc Ponthieux à la contrebasse et Éric Groleau à la batterie. Avec dès le morceau titre, une voix intéressante bien stimulée par la rythmique pulsante. La ballade suivante permet à Lea Deman de changer de voix. Ce qu'elle fait quasiment à chaque nouveau morceau. Retrouvant presque celle de Billie Holyday sur  Berceuse bleue. Nobody no one poursuit cette veine jazzy. Puis la guitare tranchante de Barthélemy introduit I'm a fool, et s'en donne dans la seconde partie bluezy du morceau. D'autres ambiances s'ensuivent dans Mama puis Waves jusqu'à One more dance. Un bel album à facettes.

 

Vincent Peirani

Abrazo (ACT 2020) signifie étreinte, enlacement ou accolade, le principe même de ce duo vieux déjà de dix ans, Vincent Peirani à l'accordéon et Emile Parisien au sax soprano dans ce cédé dédié à l'univers du tango. Qui commence par un thème de Jerry Roll Morton, The Crave, puis se balade de Temptation de Xavier Cugat en Fuga Y Mysterio et Deux Xango d'Astor Piazzola puis A Berbernos Los Vientos de Thomas Gubitsch en passant par trois thèmes de l'accordéoniste, principal arrangeur aussi, et un du saxophoniste, au souffle sans fin, pour terminer sur Army Dreamer de Kate Bush. Une belle marelle musicale très cohérente où les deux musiciens se jouent des clichés et dansent avec bonheur. Un album indispensable.

À écouter en concert au New Morning à Paris le 12 octobre.

 

David Linx

Skin In The Game (Cristal Records 2020) est l'album du quartet de David Linx, avec Grégory Privat au piano et aux belles impros, Chris Jennigs à la contrebasse et Arnaud Dolmen à la batterie, augmenté sur quatre titres de la guitare de Manu Codja et sur deux des spoken words de Marlon Moore. Mon dernier souvenir du chanteur, le concert hommage à Brel avec le Brussels Jazz Orchestra, ne m'avait pas vraiment convaincu. Mais sur ce disque de ses compositions, paroles et souvent musiques, sa voix ample entre caresse (Changed In Every Way), scat (Her I Can See) ou clameur fascine. Le trio qui l'accompagne est parfait, et la guitare apporte sa touche atmosphérique. Tout comme le jeu dialogué entre la voix slamé et celle chantée du morceau titre.

 

Raphaël Pannier

Faune (French Paradox 2020) est l'opus éclectique du batteur compositeur Raphaël Pannier balançant entre jazz moderne (Ornette Colemean Lonely Woman ou Wayne Shorter ESP) et classique français (Messiaen Le baiser de l'Enfant Jésus ou Ravel Forlane, avec au piano sur ces titres Giorgi Mikadze). Quant à celui du du cédé, s'il réfère à Debussy, la composition Fauna est sans doute plus latine. Le quartet, excellent, est composé de Miguel Zenon au sax alto et aux arrangements, de François Moutin à la contrebasse et sur la plupart des titres de Aaron Goldberg au piano. Les compositions du batteur et son jeu inventif font le lien entre toutes ces influences.

 

Éric Séva

Mother of Pearl (Les Z'arts de Garonne 2020) du saxophoniste et compositeur Éric Séva intrigue par son titre. La perle mère pourrait bien être l'album Summit réunissant Jerry Mulligan et Astor Piazzola en 1974, et dont la redécouverte a inspiré le compositeur, alternant sax baryton et sax soprano, et en grande complicité avec l'accordéoniste Daniel Mille. Summit, Close Your Eyes and Listen de Piazzola, est un des titres révélateurs avec La Cordillère des Anches, où l'accordéon se donne des airs de bandonéon quand le baryton remplace le soprano. Les autres membres du quintet sont Alfio Origlio aux piano et fender, Christophe Willemme à la contrebasse et Zaza Desiderio à la batterie et percussions. Un album plein de surprises.

À découvrir en concert en octobre à Saou, Grenoble, Marmande, en novembre à Francheville, Paris (le 23 au Pan Piper) et en décembre à Eaubonne.

Alain Lambert
18 septembre
© musicologie.org


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