Chopin, 24 préludes, Moravec, Supraphon 1 11 2139, 1976. Enregistré à la Maison des artistes de Prague, 14 et 15 mars 1976.
Chopin, 24 préludes, Moravec, Supraphon 1 11 2139, 1976, A —— 1. Do majeur (Agitato), 3. la mineur (Lento), 3. sol majeur (Vivace, ma non troppo), 4. mi mineur (Largo), 5. ré majeur (Allegro molto), 6. si mineur (Lento assai), 7. la majeur (Andantino), 8. fa dièse mineur (Molto agitato), 9. mi majeur (Largo), 10. do dièse mineur (Allegro molto), 11. si majeur (Vivace), 12. sol dièse mineur (Presto, ma non troppo), 13. fa dièse majeur (Lento), 14). mi dièse mineur (Allegro).
Chopin, 24 préludes, Moravec, Supraphon 1 11 2139, 1976, B —— 15. ré bémol majeur (Sostenuto), 16. si bémol mineur (Presto con fuoco), 17. la bémol majeur (Allegretto), 18. fa mineur (Allegro molto), 19. mi bémol majeur (Vivace), 20. do mineur (Largo), 21. si bémol majeur (Cantabile), 22. sol mineur (Molto agitato), 23. fa majeur (Moderato), 24. ré mineur (Allegro appassionato).
En effet, admirable est la concentration presque absolue de Chopin sur son instrument fatal — le piano. Dans la corres- pondance du compositeur nous lisons à ce sujet l'importante confession suivante: « Je connais mes limites et je sais que je commettrais une faute si je tentais de m’élever et de m’élancer trop haut. On veut me faire écrire une symphonie, un opéra et tout cela... Mais je ris sous cape en me disant qu’il faut commencer par de petites choses. » — Une autre question, qui se soulève quant à la création pour piano de genre non dansant, est celle du contenu. Chopin prit une attitude négative envers les incitations auxquelles son époque donna naissance: c’est que la musique doit communiquer aux auditeurs quelque chose de plus que ce qu’elle dit par elle-même. En cela il rejeta l'opinion de Liszt et c’est aussi là qu’il faut chercher la source de son rapport incroyablement hostile à la production pianistique de Schumann, de l’artiste qui l’estima sans réserve. Jamais de sa vie Chopin ne s’écarta de ce principe et aucun titre de ses compositions ne contient une allusion si discrète qu’elle soit à un sujet concret ou un programme (les titres ballade, berceuse, barcarolle et fantaisie sont les extrêmes limites qu’il admit). Ce que l’on traduit par exemple du contenu des Préludes en connexion avec le séjour de Chopin à Majorque est le fruit d’aperçus et de conjectures poétiques subjectives de George Sand tandis que Liszt et les commentateurs de Chopin l’expliquent à leur manière — pour la plupart — différemment. De par la volonté et la conviction du compositeur le contenu de sa musique est caché dans la forme sonore. Elle attend la fantaisie de l’auditeur à recevoir d’elle des impulsions émotionnellement si fortes et si variées que beaucoup d’oeuvres de la musique programmatique ne puissent pas lui donner.
Le cycle des préludes contient 24 compositions très courtes, quasi de petits poèmes musicaux, liés en une unité cyclique; c’est le « Clavier bien tempéré » de Chopin (en 12 tonalités majeures et 12 tonalités mineures dans le cercle de quintes et à renvers de quartes) provenant des années 1836-1839 et surtout de l’hiver 1838-1839 quand il se rendit. avec George Sand. aux Baléares dans l’espoir d’y raffermir sa santé. C’est pourquoi les Préludes sont partiellement le reflet de ces espérances, mais elles traduisent aussi les épanchements de nouvelles angoisses et de doutes. Schumann les caractérisait de la façon suivante : « ... ce sont des esquisses, des commencements des études ou bien, si vous voulez, des ruines, des ailes détachées d’aigles. Pourtant chacune de ces pièces nous dit : c’est écrit par Frédéric Chopin ».
Par contre, je suis d’avis que la véritable grandeur et nouveauté de cette création de Chopin résident en ce que ce ne sont pas justement des esquisses, des fragments, mais bien des manifestations achevées, complètes, révélatrices dans leur abréviation, leur caractère cristallin. Aussi aucuen voie ne mène-t-elle vers des œuvres de Chopin ultérieures où on rencontrerait des thèmes ou des principes stylistiques employés dans les Préludes (à l’exception peut-être du rapport du 14e Prélude au finale de la Sonate en si bémol mineur de l’année suivante.). Dans chaque pièce l’auteur ne développe qu'une seule idée, un seul tableau, une seule impression ; il sufit d’une petite forme tripartite, dans n° 7 mème une période de 16 mesures. L’admirable détente mélodique et à la fois l’économie, la richesse rythmique, la stylisation tout à fait originale, sans gestes pathétiques mais disciplinée et la bravoure exploitant toutes les conquètes de la technique pianistique du temps et l’harmonie expressive surprenant à chaque par par de nouvelles tournures, tout cela forme de ce cycle un des sommets de la musique romantique.
Jaroslav Seda
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Vendredi 27 Décembre, 2024