bandeau_actu musicologie  mercredi 18 août 2020.

Chanson pour … Chanson contre : Chansons et événements à travers le temps

Chansons  et  engagements aujourd’hui

14-15 avril 2021, Aix
26-27 avril 2020, Paris

Réseau de recherche Les ondes du monde
3e Biennale Internationale d’études sur la chanson

Aix-Marseille Université Mercredi, mer'cr"edi 14 et jeudi 15 avril 2021.

Université Sorbonne Nouvelle, Université Polytechnique Hauts-de-France, Cité de la musique-Philharmonie de Paris, lundi 26 et mardi 27 avril 2021

Réseau de recherche Les ondes du monde
3e Biennale Internationale d’études sur la chanson

Parce qu’il n’est plus dans l’air du temps de se demander s’il faut être pour ou contre la chanson (elle a désormais trop d’ampleur, trop de reconnaissance, trop de résonance pour qu’on cherche encore et toujours à la légitimer), nous voudrions nous demander comment la chanson sait être pour ou contre l’air du temps : c’est-à-dire comment elle se comporte face à l’événement, investi par les pressions, les passions de l’actualité, comment elle s’engage ou non. En tire-t-elle profit, quitte à lier son sort à l’éphémère, ou inscrit-elle ses effets dans la durée ? Réagit-elle, au risque de surréagir à ces effractions dans la trame routinière de nos vies, prend-elle position sans attendre la décantation naturelle ? Prend-elle au contraire de la distance face au contemporain, face aux modes, face aux actualités, face aux émotions que provoque l’événement ? Lui faut-il rester humble, neutre, décalée ? Ambitieuse, audacieuse, révoltée ? Réagir, est-ce agir ? La chanson a certes conquis sa place dans les cœurs ; mais il n’est pas toujours sûr qu’elle ait véritablement conquis sa place dans la réflexion et l’action politiques, qu’elles soient individuelles ou collectives.

La chanson a-t-elle profondément marqué, comme on le pense souvent, les (r)évolutions sociales et accompagné les changements politiques de ces dernières décennies ? Dans une société volontiers ou illusoirement consensuelle, les chansons dites « engagées » et/ou contestataires reçoivent-elles la même qualité d’écoute, ont-elles la même force de conviction ? Et n’y a-t-il d’engagement que dans la contingence ? que dans l’urgence ? On peut d’abord se tourner vers l’histoire du genre chanson. Décrire les continuités et les ruptures. Quelles sont les attentes des publics, quelles sont les marges de manœuvre autorisées par les sociétés, selon les périodes et contextes historiques ? En quoi les mazarinades du XVIIe siècle ou les goguettes du XIXe trouvent- elles un écho dans les pratiques et productions chansonnières du XXIe siècle ? Qu’est-ce que les attentats de 2015 et 2016 ou l’épreuve du confinement de 2020 nous enseignent à ce sujet ? Cette chanson qui réagit face à l’événement, nous voudrions la saisir dans sa dimension historique et contemporaine mais aussi dans ses débordements géoculturels et linguistiques voire géopolitiques, c’est-à-dire hors de ses frontières mais également hors des frontières.

S’il a longtemps été commun d’utiliser l’expression de « chanson engagée » pour désigner la volonté d’un artiste de critiquer les normes d’une société aux codes bourgeois, cette étiquette souvent associée à un âge d’or de la chanson « rive gauche » ou aux années soixante-dix s’avère-t- elle encore pertinente ? Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Ne serait-il pas plus opportun de lui préférer la notion de chanson contestataire ? La contestation lui substitue la charge performative d’une subversion des repères, politiques, bien sûr, et, plus largement, idéologiques, mais aussi esthétiques, linguistiques ou musicaux. Dans ce dernier cas, les effets de stratégie de décalage, de sape ou de confrontation peuvent faire facilement dialoguer chanson et rock, chanson et punk, chanson et rap, voire chanson et musique contemporaine, la contestation pouvant jouer de leurs formes communes ou complémentaires.

Nous ne limitons pas, en effet, la notion d’engagement à une seule forme de contestation portée par les paroles. Il y a des « engagements » qui se traduisent à travers de nombreuses conduites ou pratiques associées à la chanson : provoquer les bonnes mœurs sur scène, dé-chanter, proposer une langue « rare » au concours de l’Eurovision, parodier musicalement la Marseillaise, se saisir d’instruments ou de sonorités insolites, s’autoproduire, etc. ont pu être des gestes de rébellion, comme pourrait même l’être le fait de se désengager comme chez Brassens ou de se moquer de l’idée même d’engagement comme chez Anne Sylvestre (« Chanson dégagée ») ou Edoardo Bennato (« Sono solo canzonette »). Toutes les disciplines sont donc concernées par cette problématique puisqu’elle offre un terrain intéressant pour parler du timbre de la voix revendicative, de l’orchestration qui soutient la prise de position, de l’enregistrement avec ou sans moyens pour une réaction « à chaud » à l’actualité, des diffusions virales qui peuvent avoir lieu sur le net et prouvent  ou  truquent  une  adhésion  consciente,  du  soutien  que  la  chanson,  sur  le  mode    des « symphonies confinées » réalisées à distance, a pu représenter pendant l’épisode du Covid-19.

Le texte chanté, la mélodie et le rythme qui le soutiennent soulèvent l’enthousiasme collectif ou conduisent à la méditation, au ressourcement individuel. L’attitude « pour » ou « contre » invite  à décrire et interroger le nuancier de nos éthiques : que demandons-nous à la chanson ? Qu’attendons-nous d’elle ? Qu’elle conforte notre aptitude à la communion, à la sédition, au compromis, à la solidarité, à l’utopie ? Pour ou contre, voire pour et contre ? De la chanson d’hier et de la chanson d’aujourd’hui, on voudrait approcher l’insaisissable pouvoir de résistance et/ou de célébration. S’engager aujourd’hui, un oxymore, un pléonasme, ou une combinaison éminemment plastique, labile dans l’air du temps ?

Pistes de propositions possibles 

  1. Traitement historique de l’événement, traitement déontique de l’actualité
  2. Les traductions de l’événement :

phénomène, trouble, catastrophe, réjouissance, simulacre, hommage, commémoration…

  1. Engagements d’hier, engagements d’aujourd’hui
  2. Qui s’engage dans une chanson engagée : création, diffusion, réception ?
  3. La chanson événement
  4. Chanson clivante, chanson consensuelle
  5. Hymne, parodie
  6. Chansons caritatives, chansons contestataires
  7. Provocations, profits et opportunisme
  8. Des esthétiques musicales pour la chanson engagée ?
  9. Grandes figures de la chanson engagée
  10. Quelles scènes pour la chanson contestataire ? Quels territoires pour la chanson engagée ?
  11. Droit, risque, censure visible et invisible

Comité scientifique : Perle ABBRUGIATI, Aix-Marseille Université ; Johanna COPANS, commissaire de l'exposition Renaud, putain d'expo ! Cité de la musique - Philharmonie de Paris ; Gerhild FUCHS, Université d’Innsbruck (Autriche) ; Jean-Marie JACONO, Aix-Marseille Université Joël JULY, Aix-Marseille Université ; Stéphane HIRSCHI, Université Polytechnique Hauts-de-France ; Etienne KIPPELEN, Aix-Marseille Université ; Stefano LA VIA, Université de Pavie (Centre de Crémone, Italie) ; Ursula MOSER, Université d’Innsbruck (Autriche) ; Riccardo NOGUEIRA DE CASTRO MONTEIRO, Université du Cariri (Brésil) ; Cécile PREVOST-THOMAS, Université Sorbonne Nouvelle ; Céline PRUVOST, Université d’Amiens ; Catherine RUDENT, Université Sorbonne Nouvelle.

Comité d’organisation Aix : Perle ABBRUGIATI, AMU Joël JULY, AMU ; Jean-Marie JACONO, AMU Etienne KIPPELEN, AMU Paris ; Cécile PREVOST-THOMAS, Université Sorbonne Nouvelle ; Catherine RUDENT, Université Sorbonne Nouvelle ; Stéphane HIRSCHI, UP des Hauts-de-France ; Emmanuel HONDRÉ, Cité de la musique-Philharmonie de Paris ; Mathilde THOMAS, Cité de la musique-Philharmonie de Paris.

Propositions à envoyer avant le 18 septembre 2020 aux adresses suivantes :
joel.july@univ-amu.fr,
cecile.prevost-thomas@sorbonne-nouvelle.fr,
stephane.hirschi@wanadoo.fr

Une réponse sera donnée par le comité au plus tard le 30 octobre 2020.

Bibliographie indicative

ABBRUGIATI, Perle (dir.), Chanson et parodie, Aix-en-Provence, PUP, coll. « Chants Sons », 2018.

BELMONTE Florence, FELICI Isabelle et MARTEL Philippe (dir.), Chanter la lutte, Actes du colloque de Montpellier – mars 2015, Lyon, Atelier de création libertaire, 2016.

BIZZONI, Lise, PREVOST-THOMAS, Cécile (dir.), La Chanson francophone engagée, Montréal, Tryptique, 2008. BONNET, Gilles (dir.), La Chanson populittéraire, Paris, Kimé, 2013.

CALVET, Louis-Jean, Chanson et Société, Paris, Payot, 1981.

CALVET, Louis-Jean, Chansons. La Bande-son de notre histoire, Paris, L’Archipel, 2013.

CARINOS, Emmanuelle, HAMMOU, Karim (dirs.) Perspectives esthétiques sur les musiques hip-hop, Aix-en-Provence, PUP, 2020.

Chansons contestataires et chants révolutionnaires, Aubervilliers, Lutte Ouvrière, 2001.
CECCHETTO Céline, PRAT Michel (dir.), La chanson politique en

Europe, Eidôlon, n°82, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008.

CHEVALLIER, Philippe, La Chanson exactement : l’art difficile de Claude François, Paris, PUF, 2017.

COPANS, Johanna, Le Paysage des chansons de Renaud, Paris, L’Harmattan, coll. « Univers musical », 2014.

CUESTA, Stan, Sous les pavés, les chansons : Anthologie des airs rebelles, Paris, Glénat, coll. « Musique », 2018.

DARRIULAT, Philippe, La Muse du peuple : chansons politiques et sociales en France, 1815-1871, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010.

DELMAS, Yves, GANCEL, Charles, Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des sixties, Marseille, Le mot et le reste, 2012.

DICALE, Bertrand, Ces Chansons qui font l’histoire, Paris, Textuel, 2010.

DILLAZ, Serge, La Chanson française de contestation, De la Commune à mai 68, Paris, Seghers, 1973.

GAYRAUD, Agnès, Dialectique de la pop, Paris, éd. La Découverte / Cité de la musique - Philharmonie de Paris, coll. « La rue musicale », 2018.

GUESPIN, Philippe, Aux armes etc. La chanson comme expression populaire et relais démocratique depuis les années 50, Paris, L’Harmattan, 2011.

GUIBERT, Gérôme, RUDENT, Catherine (dir.), Made in France. Studies in French Popular Music, Oxford & New York, Routledge, 2018.

GUICHARD, Jean, La chanson en Italie, des origines aux lendemains de 1968, Aix-en-Provence, PUP, coll. « Chants Sons », 2018.

HIRSCHI, Stéphane, Chanson, L’art de fixer l’air du temps, Presses universitaires de Valenciennes, coll. « Cantologie », 2008.

HIRSCHI, Stéphane, La Chanson française depuis 1980. De Goldman à Stromae entre vinyle et MP3, Université de Valenciennes/ Les Belles Lettres, Coll. « Cantologie », n° 8, 2016.

JACONO, Jean-Marie, « Musique et politique : le cas du rap », dans Sylvie Coëllier, Louis Dieuzayde (dir.), Arts, transversalités, et questions politiques, Aix-en-Provence, Presses de l’Université de Provence, 2011, p. 201-216.

JULY, Joël, Esthétique de la chanson française contemporaine, Paris, coll. « Univers musical », L’Harmattan, 2007.

JULY, Joël (dir.), Chanson : du collectif à l’intime, Aix-en-Provence, coll. « Chants Sons », PUP, 2017.

KIPPELEN, Étienne (dir.), Chanson et musique contemporaine, Aix-en-Provence, PUP, 2020.

LEBRUN, Barbara (dir.), Chanson et performance. Mise en scène du corps dans la chanson française et francophone, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2012.

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MILLIÈRE, Guy, Chansons politiques d’aujourd’hui, Paris, Ed. Syros-SIBECAR, 1976.

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SÈVE, Bernard , « Quelques approches de l’événement », Methodos [En ligne], 2017.

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TOURNES, Ludovic, Musique ! du phonographe au MP3, Paris, Autrement, 2011.

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VORGER, Camille, Slam, une poétique (De Grand Corps Malade à Boutchou), Université de Valenciennes/ Les Belles Lettres,   Coll.
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WELFELÉ, Odile (dir.), « Qu’est-ce qu’un événement ? », Terrain, Anthropologie et Sciences Humaines, n° 38, mars 2002.

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Dimanche 17 Avril, 2022