15 septembre 2020 —— Jean-Marc Warszawski.
Stanisław Moniuszko, Opera songs, Cyprien Katsaris (piano), œuvres originales et transcriptions d'extraits d'opéras. Institut Chopin de Varsovie 2019 (NICCD 113).
Enregistré à l'auditorium Witold Lutoslawski de la Radio polonaise à Varsovie, 11-14 mars 2019.
On connaît peu en France les œuvres du compositeur polonais Stanisław Moniuszko (1819-1872). Quand on en connaît un poil, il est question d’opéras et d’opérettes. Plutôt, à défaut de n’avoir jamais entendu ou assisté à l’un d’entre eux, on sait qu’il est le créateur de l’opéra polonais. Ce n’est pas une mince affaire, dans un pays où la langue culturelle est le français, les langues politiques sont allemandes et russes et normalement, la langue vernaculaire, celle du peuple, des simples, des rustres est le polonais. Cette émancipation des artistes contre l’hégémonie culturelle française, allemande et surtout italienne pour ce qui concerne la musique par la promotion des pratiques populaires n’est pas propre à la Pologne. Elle accompagne partout l’accession au pouvoir politique de la bourgeoisie, est le ferment de ce que l’on appelle le romantisme.
On compare souvent la démarche de Moniuszko à ses collègues d’autres régions, mais peut-être faut-il quelque peu préciser la nature de cet intérêt pour les cultures populaires qui a peut-être des motivations quelque peu différentes ici ou là, entre émancipations populaires, qui serait le cas des artistes russophiles, Moussorgski en tête, ou plus tard Bela Bartok, c’est-à-dire d’une part comme affirmation sociale d’autre part comme une revendication nationale. Dans le premier cas elle peut contribuer à la formation d’une identité nationale, dans le second elle s’en réclame. C’est là que nous placerions plutôt Moniuszko, dans un contexte où une aristocratie et bourgeoisie polonaise tente de s’émanciper des jougs russe et allemand, jouant parfois l’un contre l’autre ou penchant pour l’un ou pour l’autre. C’est un peu le cas de Moniuszko, envoyé à Berlin pour étudier, certainement en opposition à l’emprise russe sur les études polonaises, mais plus tard, c’est plutôt Saint-Pétersbourg qui participa à son succès plus que Berlin.
Moins connu du peu connu en France, Moniuszko a également composé environ 360 mélodies, et en moindre quantité de la musique de chambre, symphonique et pour piano, de la très belle et bonne musique, qui porte en elle les affluents académiques russes et allemands et ceux pas encore académiques de la culture populaire locale.
En 2019, la Pologne fêtait le 200e anniversaire de Stanisław Moniuszko (et le 230e de Maria Szymanowska). À cette occasion, la prestigieuse Académie Chopin de Varsovie a demandé à Cyprien Katsaris, juré du concours Chopin de Varsovie en 1990, d’enregistrer des transcriptions pour piano d’extraits d’opéras et autres œuvres de piano du compositeur polonais.
De quoi réjouir et satisfaire les mélomanes, parmi lesquels beaucoup découvriront des beautés jusqu’alors ignorées. L’Académie Chopin n’a pas lésiné sur le livret cartonné de 60 pages en quatre langues, qui contient le cédé. Nous regrettons un peu qu’il en dise très peu sur la musique du compositeur et un peu trop sur le pianiste, ce qui biaise un peu le sujet de cette édition.
Stanisław Moniuszko, Mazurka en re majeur (plage 12). Jean-Marc Warszawski
15 septembre 2020
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Motets, cantates, Lieder de Martha von Castelberg —— Les fantaisies et les couplets de folies du flûtiste Vincent Lucas —— Récitals de la pianiste Ida Pelliccioli aux Ursulines de Eijsden —— Johann Sebastian Bach d’un bout à l’autre des Pyrénées avec la violoncelliste Maitane Sebastián —— Les reflets solaires de la soprano Roselyne Martel —— Le pianiste Didier Castel-Jacomin et les autres.
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Mercredi 25 Mai, 2022 15:02