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mercredi 9 décembre 2020

l'Imaginaire du Nord dans les arts

11 juin 2021, Clermont-Ferrand
Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand.

Dans un contexte globalisé, une approche géographique des arts tend à mettre en valeur des particularismes locaux conçus comme des îlots d’authenticités dans un océan standardisé (Crang, 1998). Or, cette quête d'une culture autochtone authentique peut s’avérer contre-productive et impliquer des formes de réinvention nostalgique relevant d’une psychogéographie (Coverley, 2006). Cette observation s’applique éloquemment au cas de la zone nordique (Scandinavie, Islande, Groenland, Canada, Alaska, Russie...), qui est abordée dans les arts, les légendes et la littérature depuis l’Antiquité selon deux axes antithétiques : soit par une approche utopique, les communautés peuplant ces territoires étant considérés comme des modèles de vertu en symbiose avec une nature laissée à l'abri de l'exploitation ; soit suivant une conception qui place des communautés septentrionales laissées à l’écart des progrès techniques dans un environnement menaçant où règnent la mort et la désolation (Davidson, 2005). Cet imaginaire plaqué sur une zone géographique et les habitants qui la peuplent peut s’inspirer de faits, notions et symboles liés à l’identité, la culture ou le paysage et se place sur le point de jonction entre l’objectif et le subjectif, le factuel et le fictif, le réel et le représentationnel. Cette activité de création de représentation est même si intense concernant la zone arctique qu’elle s’est parée au début des années 2010 d’un terme nouveau destiné à la caractériser : le boréalisme (Schram, 2011).

Les arts (musique, théâtre, cinéma, littérature…) sont un terrain privilégié de l’élaboration, la performance et la diffusion de cette forme d’exotisme qui touche la zone nordique. Ainsi, sans oublier que les représentations du Nord ont nourri l’imaginaire artistique au cours des siècles (de l’Antique Thulé aux romans de Jack London en passant par la Tétralogie de Wagner – qui fixa l’image inventée du guerrier viking coiffé d’un casque à cornes –, ou bien le documentaire romancé Nanook of the North de Robert Flaherty), on observe une résurgence de cette thématique sous différentes formes d’art ; citons par exemple la mythologie nordique dans Thor et Avengers, la représentation des vikings dans les séries (Game of Thrones, Vikings, The Last Kingdom, Norsemen…) ou la musique (viking metal), la mise en scène d’une nature vierge et inhospitalière dans Into the Wild et Arctic ou dans les albums de l’américain Low Roar ou des français Keren Ann (Lady & Bird) et Yann Tiersen (Infinity) conçus en Islande… Tous ces exemples contribuent à forger une image du Nord, dont il résulte que la construction de l’identité nordique provient en grande partie de l’extérieur, comme si les communautés concernées se trouvaient dépossédées de leur capacité d’auto-détermination.

Pourtant, émergent depuis quelques décennies des formes d’expression artistique émanant du Nord lui-même et étant amené à s’exporter et circuler activement dans un environnement mondialisé : on pensera ainsi au polar scandinave (en livre comme à l’écran) ou au succès international des musiques d’ABBA, Björk, a-ha, Sigur Rós, Kaleo... Il paraît alors pertinent de réfléchir à la manière dont les orientations plus ou moins fantasmatiques nées de l’extérieur sont intériorisées par les communautés autochtones et nourrissent les cultures et identités nordiques elles-mêmes – lesquelles qui seraient donc définies moins de l'intérieur que par adaptation aux conceptions allochtones.

L’objectif de cette journée d’étude est donc de fournir une lecture critique de l’imaginaire nordique dans les arts, en observant non seulement la généalogie, les tendances, les constantes traversant les diverses formes artistiques et ses évolutions à travers les époques, mais aussi la manière dont cet imaginaire se voit réapproprier par les Nordiques dans une optique de singularisation face à la menace que représente le processus d’uniformisation à l’œuvre dans la circulation culturelle mondialisée. Sera également, à l’inverse, abordé le mouvement de rejet émanant de certains artistes qui, en réaction à l’imaginaire nordique globalisé, visent à redéfinir cette fois-ci de l’intérieur une identité nordique débarrassée de toute tendance boréaliste.

La Journée d'études aura lieu à la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont Ferrand.

Le comité organisateur accueillera les propositions de chercheur.se.s confirmé.e.s comme celles de doctorant.e.s.

Les propositions de communications doivent être accompagnées d’un résumé de 300 mots environ et d’une courte bio-bibliographie de l’auteur.trice.

Merci d’adresser vos propositions à Benjamin Lassauzet avant le 15 janvier 2021. Une réponse sera apportée début février 2021 au plus tard.

Comité scientifique : Sylvain BRIENS (Etudes nordiques/Sorbonne Université), Karl Erland GADELII (Etudes nordiques/Sorbonne Université), Caroline LARDY (CHEC/UCA), Benjamin LASSAUZET (CHEC/UCA), Françoise LE BORGNE (CELIS/UCA), Thomas MOHNIKE (Mondes germaniques et nord-européens/Université de Strasbourg), Alain MONTANDON (CELIS/UCA), Pierre-Brice STAHL (Etudes nordiques/Sorbonne Université).

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Mardi 8 Décembre, 2020