Gaspard Dehaene, Vers l'ailleurs, Schubert, Liszt, Bruneau-Boulmier. Collection 1001 notes 2018 (1001 notes 15).
Enregitré en novembre 2018, à Limoges.
Fils de la pianiste Anne Queffélec et petit-fils du « Breton bien tranquille », l’écrivain Henri Queffélec, Gaspard Dehaene squatté précocement le piano de sa mère avant de suivre les cours du Conservatoire de musique de Paris, puis le Conservatoire national supérieur de la même capitale du monde, dans les classes de de Bruno Rigutto puis de Denis Pascal. Il se perfectionne au Mozarteum de Salzburg sous la direction de Jacques Rouvier.
À partir de 2004 il a accumulé une dizaine de Prix dans divers concours. Depuis une dizaine d’années, il se produit en concert, récitals et musique de chambre, avec une quarantaine d’engagements pour cette belle année 2019.
Après un cédé Schumann en compagnie de l’altiste Adrien Boisseau (oehms 2015), un autre consacré aux sonates d’Albert Roussel, avec la violoniste Anne-Lise Durantel (Polymnie 2015), un troisième seul, au programme varié de Bach à Scriabine (1001 notes, 2016), voici le quatrième comme un voyage poétique au loin de l’Océan, celui qui touche la Bretagne et qui va ailleurs, hommage au grand-père, qui écrivait de belles choses de Bretagne entre terre et mer.
Mais ce ne sont pas Albert Roussel, Antoine Mariotte, ou Jean Cras, des marins d’eau de mer et compositeurs de musique qui sont convoqués, mais Franz Schubert, plutôt neige qu’écume, corbeau que goéland, Franz Liszt dont les voyages incessants, jusqu’au seuil de la mort, ont fait la fortune des chemins de fer d’Europe, et Rodolphe Bruneau-Boulmier, encore jeune compositeur, mais cela passera, aux multiples activités radiophoniques et festivalières.
Ce ne sont pas tant les intentions poético-familiales que la qualité du programme, son intelligence musicale, qui font le grand charme de cet enregistrement, dans une réunion cohérente et bien amenée de divers mondes sonores qui s’annonce dès les premiers octets, avec deux arrangements de Lieder de Franz Schubert par Franz Liszt. « Aufenhalt » (poème de Ludwig Rellstab), traduit par « séjour, mais il y là l’idée de détention, extrait du cycle Schwanengesang (La mort du cygne), collation de pièces, bricolée par les éditeurs après la mort du compositeur et Auf dem wasser zu singen (chanter sur l’eau), sur un poème de Friedrich Leopold de Stolberg.
Le paysage sonore est alors installé : des Mélodies hongroises de Schubert à la Rhapsodie espagnole que Franz Liszt ramena en 1845, de sa tournée dans la péninsule hispanique, l’année suivant sa rupture avec Marie d’Argoult, nous voilà au climax de Quand le terre fait naufrage de Rodolphe Bruneau-Boulmier, opposant des accords obstinés sonnants de bourdon à tocsin un peu grave, à des motifs mélodiques tout aussi obstinés (on retrouve ce genre de repons dans un épisode du dernier mouvement du D 959 de Schubert), plutôt Voyage d’hiver que fin du monde, où le carillonnement donne une couleur quelque peu russophile. Enfin l’atterrissage sur la sonate D 959 de Schubert (Le carillon de l’andante !), faisant partie des chefs-d’œuvre qu’il composa au cours des derniers mois de sa vie, là, deux mois avant de mourir. Si on peut parler d’une vie quand on meurt à trente et un ans. La proposition de Gaspart Dehaene, enregistrée en public, est ici magistrale, touchante.
1-2. Franz Schubert (arrangments de Franz Liszt), Aufenthalt, Auf dem Wasser zu singen.
3. Franz Schubert, 3 mélodies hongroises.
4. Franz Liszt, Rhapsodie espagnole.
5. Rodolphe Bruneau-Boulmier, Quand la terre fait naufrage.
6-9. Franz Schubert, Sonate D 959 en la majeur (en public).
Jean-Marc Warszawski
19 mars 2019
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