Moebius Ring « brio », l'Orchestre Franck Tortiller « zappatant », le Spanish Harlem Orchestra « épicé »...
Le Moebius Ring trio de Pascal Mabit, Jazz sous les pommiers, Coutances 2019. Photographie © Gerard Boisnel
Tout commence sous le chapiteau Magic Mirror, devant la cathédrale en ce début d'après-midi où les cloches donnent le ton, dans le silence du début de concert, par le Moebius Ring trio de Pascal Mabit, sax alto et compositions, avec Samuel Ber à la batterie et Arthur Henn à la contrebasse à la place des deux musiciens habituels. Ce qui ne les empêche de jouer en toute complicité et en tension suspendue, avec toute l'attention côté spectateur, qui jamais ne faiblit, captivée par la sinuosité des lignes mélodiques et des impros alternées. Le saxophoniste apprécie car avec ses deux paires de partenaires, il peut se permettre des jeux différents selon les trios. Son jazz est à la fois classique et original, sans piano ni guitare, avec un sax aérien mis en valeur par la gravité virtuose des cordes, des peaux et des métaux.
Franck Tortiller, hommage à Frank Zappa, Jazz sous les pommiers, Coutances 2019. Photographie © Gerard Boisnel
L'Orchestre Frank « Zappa » Tortiller à Jazz sous les pommiers. Photographie © Gérard Boisnel
Au théâtre, un grand orchestre de plus d'une douzaine de jeunes musiciens costumés nous attend, bien arrangé par le vibraphoniste Franck Tortiller. Pour quelques morceaux emblématiques et chantés de Frank Zappa, réorchestrés de façon jazzy, mais en conservant ce côté collage dada qui fait se succéder pour un même thème, et de façon fortement acrobatique pour les instrumentistes et vocalistes, différents styles de musique populaire, parfois limite classique contemporain. Bref un joyeux « melting notes » porté par le guitariste chanteur Mathieu Vial Collet, impeccable, sans oublier le long rap, sur une interview de Zappa himself, du violoniste Yovan Girard, remarquable, ou le saxophoniste Maxime « tomato ketchup » Berton. Dur de tous les citer, étincelants ou fanfarons, en collectif ou en solo. Un cédé est sorti en début de mois, « Shut Up'n Sing Yer Zappa » (label MCO) où l'on retrouve les six thèmes en version live. Il manque juste le rappel, la valse Strickly Genteel, me souffle l'ami Gérard, grand expert du maître et plutôt bluffé par la performance.
Le Spanish Harlem Orchestra, Jazz sous les pommiers, Coutances 2019. Photographie © Gerard Boisnel
Salle Marcel Hélie on franchit l'Atlantique pour découvrir, tout aussi nombreux que les précédents, les musiciens latinos du Spanish Harlem Orchestra, emmenés par le pianiste et arrangeur Oscar Hernadez. Trois chanteurs, deux trompettes, deux trombones, un sax baryton/flûtiste, un contrebassiste. Et trois percussionnistes aux timbales, bongos et congas... Que du beau monde pour envoyer la sauce pimentée, et les nuages qui rafraîchissent le toit de la salle n'ont pas pu empêcher la température de monter. Difficile de rester sagement assis. Les chansons se succèdent avec dans la salsa un brin de tcha tcha tcha, les chanteurs se donnent un max, se relaient, se rejoignent et dansent sur place, entre deux riffs cuivrés, un solo ou un triple roulement de timbales (prononcer tiiimbaless). Un long morceau instrumental du pianiste lui permet, et à ses musiciens, de montrer leur profonde familiarité avec le jazz, avant le retour des trois voix tropicales et le bouquet final.
Le Noues Jazz Band fait des siennes, Jazz sous les pommiers, Coutances 2019. Photographie © Alain Lambert.
On sort un peu étourdi, on traverse le village du festival aux multiples odeurs, et on peut, même si les animations de rue sont terminées, rejoindre le grand chapiteau où se succèdent les classes de jazz de la région et les groupes amateurs, ceux qui continuent à faire vivre les standards, comme Afro Blues ou Summertime repris ce soir par un combo de Saint-Sever (Calvados), avec une chanteuse venue d'Australie, le « Noues Jazz Band fait des siennes », et s'en tire plutôt bien.
De mercredi jusqu'à samedi, la scène amateur va être ouverte du midi jusqu'au soir, pendant que les stars, anciennes et nouvelles, se succéderont dans les trois lieux précités auxquels il faut ajouter la cave des Unelles pour bien finir la nuit à JSLP.
Alain Lambert
25 mai 2019
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