Avec le Tropical Jazz du trio Caratini, Jean-Marie, Raspail, Au milieu des choses de l'Orphéon mené par Corentin Rio, deux productions du Petit Label sorties fin 2018, l'Éloge de l'envers de Fanny « Nobi » Ménégoz, et Plus près de l'entrée que de la sortie de Fatrassons (cédé et vinyle !). Enfin le vinyle Aux ronds-points des Allumés du jazz.
Tropical Jazz Trio (French Paradox 2019) réunit de vieux complices du jazz, Patrice Caratini à la contrebasse et trois compos, Alain Jean-Marie au piano et deux compos, Roger Raspail aux percussions diverses et une compo. Plus huit grands standards solaires : Duke Ellington (African Flower), Horace Silver (Senor Blues, The Cap Verean Blues) Dizzy Gillespie, Chano Pozzo (Manteca) Charlie Chaplin (Limelight) Srege Gainsbourg (Couleur Café) Toninho Horta (Meu Canario Vizinho Azul) et pour clore Le temps des cerises revu et arrangé tcha-tcha-tcha par le trio. Une thématique forte donc, autour des « racines africaines des musiques que nous aimons » écrit le contrebassiste dans le texte de pochette. Avec ce clavier chantonnant, cette basse profonde et ces djembés, congas ou ka colorés, c'est bien de ce swing-là qu'il s'agit, tout en langueur chaloupée et énergie plus ou moins retenue. Un superbe cédé pour l'été et pour l'hiver tout autant.
À écouter le 2 juillet à Paris au Sunside et le 3 octobre au Bal Blomet.
Au milieu des choses (Label Parallel 2019) est l'oeuvre du batteur et compositeur Corentin Rio pour l'Orphéon, son quintet sans basse mais deux saxophonistes (Romain Cuoq, David Fettmann), un guitariste Federico Casagrande et un pianiste (Leonardo Montana). Let Me Cry Come Unto Thee, d'après Henry Purcell, où l'on entend bien le jeu polyphonique des instruments, donne le ton des six autres pièces écrites et orchestrées par Corentin Rio. Nous sommes au milieu des choses, chaque moment de rotation nous fait voir et entendre les différences de perspective, les contrechants de saxs, les claviers pétillants, la guitare ample, la batterie palpitante. D'autant que pour le second morceau, Does the moon also fall ? la voix et les mots d'Ellinoa s'ajoutent, et que le quatrième, Out of the blue, propose un duo éthéré avec la violoniste Fiona Monbet. Le batteur est aussi au clavier sur Inner Island, en complément du Fender Rhodes de Léonardo Montana. Un très bel univers.
Éloge de l'envers (Petit Label 2018) du quartet Nobi mené et composé par Fanny Ménégoz jouant entre autres au Surnatural Orchestra et à la Fanfare XP de Magic Malik. Un quatuor rare, flûte, vibraphone (Gaspar Jose), contrebasse (Alexandre Perrot), batterie (Pierre Mangeard), qui se veut enraciné aussi bien dans le jazz américain que dans les musiques contemporaines ou Ouest-africaines. Entre écriture et improvisation aussi. Ce qui définit aussi un certain jazz européen, au croisement des musiques, à la fois intemporel et actuel. Les mélodies sont envoûtantes et intrigantes, et se laissent dérouter par les miroitements du vibraphone et les diverses pulsations battues et contrebassées. En laissant Derrière eux La parole de Babel, La méditation des bienheureuses, La fable d'Hérica, Soupirs, Alix et les papillons électriques, La valse du chat perché qui avait le regard de travers.
Tout un programme à découvrir avec grand plaisir sur le site du Petit Label.
Plus près de l'entrée que de la sortie (Petit Label 2018) est un cédé (et aussi un vinyle avec les trois derniers titres en moins et un diffèrent Vol 7277) du duo Fatrasson, Sarah Glénat à la contrebasse, à la voix, aux objets et à l'électronique et Rosa Parlato aux flûtes, à la voix, aux objets et à l'électronique. Leur premier opus, Volets fermés, déjà paru au PL, était composé d'une quinzaine de courtes pièces. Ici, les morceaux se déploient dans la durée de leur univers toujours aussi bruitiste, intimiste, minimaliste, syncopé, soufflé, raclé, vocalisé, scatté, frotté, électrocuté, avec parfois, une longue phrase flûtée évaporée dans cet espace drôlement habité (comme le montre la pochette d'Hélène Balcer ou le morceau Dans une Thonet 209). Le long de la bibliothèque en teck nous fait entendre la flûte harcelée par la contrebasse à l'archet. Les oreilles à l’affût (ou à travers mes lunettes) en disent long sur cet espace entre jazz très improvisé et musique presque concrète qui se laisse très facilement apprivoiser.
À découvrir sur le site du Petit Label.
Aux ronds-points des Allumés du jazz (ADJ05 2019) est sorti pour le Disquaire day mi-avril avec une revue hors-série de ce collectif des jazz alternatifs et indépendants, basé au Mans, consacrée aux rencontres de novembre 2018 : Enregistrer la musique, pour quoi faire ? Cent vingt-cinq pages de réflexions sur les jazz et les musiques improvisées d'aujourd'hui. Quant au 33T avec la même jolie pochette colorée, il présente sur la face 2 une compilation d'enregistrements de plusieurs labels et collectifs membres des ADJ. Et une face 1 totalement improvisée et enregistrée en début d'année, un long texte rapé par l'Inconsolable accompagné d'une trentaine des musiciens actifs dans l'ADJ, plus quelques citations. Et une longue pièce instrumentale et passionnante, « 7 janvier », du Jazz Composer Allumés Orchestra avec Géraldine Laurent, Morgane Carnet, Sylvain Kassap, Michel Edelin, Rémi Gaudillat, Serge Adam, Christiane Bopp, Loïc Bachevillier, Jean Philippe Viret, Samuel Silvant et Bruno Tocane qui les a réunis pour cet enregistrement très réussi.
On peut se le procurer, ainsi que le hors-série, sur le site des ADJ.
Foyer Communal de Trois Palis en Charente, 23 septembre en soirée : Jazz Composers Allumés Orchestra / JCAO - Création collectiove en grand ensemble : B. Santacruz, C. Bopp, B. Tocanne, F. Roudet, R. Gaudillat, L. Bachevillier, L. Vichard, G. Coronado, E. Pasquier, L. Freboeuf, JL. Petit...
Alain Lambert
7 juin 2019
ISNN 2269-9910.
Mardi 8 Octobre, 2024