Né à Mannheim à un moment où son père Johann jetait les dernières fondations de la prestigieuse « École » du même nom, il apprit son métier au contact des meilleurs, parmi lesquels Christian Cannabich, Ignaz Holzbauer et Franz-Xavier Richter. Il allait lui-même devenir une grande figure de ladite École. En qualité de second violon de l’orchestre de la cour, il resta à Mannheim jusqu’en 1770, date à laquelle il s’établit à Paris pour quelques années comme compositeur et chef d’orchestre à la cour du duc de Noailles. Il s’y produisit régulièrement au Concert Spirituel, tout en effectuant quelques tournées à travers l’Europe. À partir de 1777, de Londres à Prague en passant par La Haye et diverses villes d’Allemagne, il eut surtout une carrière de virtuose itinérant, et vécut ses dernières années à Iéna comme Kapellmeister et professeur de musique à l’Université.
Comme compositeur, il fut l’un des plus féconds musiciens de Mannheim. Bien qu’abondante et diversifiée, son œuvre de chambre, qui parfois se situe encore à la lisière de l’époque de la basse continue, est rarement à l’honneur. Sans doute peut-on en trouver l’inspiration un peu courte, mais un des grands attraits de ces pages réside dans la variété et l’originalité des nomenclatures utilisées, deux des plus beaux exemples en étant fournis par le quatuor opus 8 no 1 en re majeur pour flûte, violon, cor et violoncelle et le quintette opus 11 no 3 en mi♭majeur pour flûte, cor, deux altos et basse. Quant à sa musique pour orchestre, à laquelle il doit l’essentiel de sa réputation, ce n’est guère par les symphonies qu’elle retient l’attention, mais bien plutôt par les œuvres à caractère concertant. Ce sont d’abord les symphonies concertantes, spécialité très « mannheimienne » il est vrai, à laquelle Carl Stamitz a donné un total de trente-huit œuvres mettant en jeu entre deux — cas le plus fréquent — et sept instruments solistes. Ce sont également de nombreux concertos, dont une vingtaine consacrés aux instruments qu’il pratiquait lui-même (le violon bien sûr, mais aussi la viole d’amour et l’alto, celui-ci comptant une de ses meilleures réalisations avec l’opus 1 en re majeur), une dizaine dédiés à la clarinette, qui sont parmi les œuvres les plus fréquentées du musicien, les autres étant dévolus à des instruments aussi divers que le basson, la flûte, le violoncelle, le cor, le hautbois, la harpe ou le piano. Dans tout cela, on trouvera rarement la marque du génie, mais un métier accompli, une aisance naturelle et un brio qui rangent ce musicien parmi les dignes représentants de l’art de Mannheim.
Carl Stamitz, Quatuor opus 8, no 2, en mi♭ majeur, I. Allegro moderato, par le Residenz Quartett München.Michel Rusquet 16 mai 2019
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Mercredi 9 Décembre, 2020