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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : La musique instrumentale en Italie au temps de Mozart et de Haydn.

Les sonates 41-50 de Muzio Clementi (1752-1832)

Introductionsonates pour pianosonates 1-12sonates 13-26sonates 33-40 sonates 41-50.

Trois opus pour un total de cinq sonates, avec à la clé trois valeurs sûres, celles du glorieux opus 50 publié en 1821 avec une dédicace à Cherubini. En fait, ces trois œuvres (toutes en trois mouvements) furent sans doute composées vers 1805, et, avec les trois de l'opus 40 déjà évoquées, forment une des sommes pianistiques les plus remarquables de ce tout début du xixe siècle.

La Sonate opus 50 no 1 en la majeur n’est pas la plus célèbre des trois, mais c’est peut-être la plus belle : d’une grande subtilité harmonique, son premier mouvement (allegro maestoso e con sentimento) feint l’improvisation, mais, dans son apparent décousu et avec son « pas de flâneur », c’est « un des morceaux les plus poétiques de Clementi. »7 Doté d’un canon strict et d’harmonies audacieuses que certains ont pu comparer à celles de César Franck, le mouvement lent (adagio sostenuto e patetico) est une page magnifique et intensément expressive. Puis vient l’impressionnant allegro vivace, un morceau de forme sonate qui, lui aussi,  fait appel à l’écriture canonique. Aussi enthousiaste qu’éblouissant, ce finale est à ranger parmi les meilleurs de son auteur. La sonate suivante — l'opus 50 no 2 en re mineur — dispose elle-même d’un finale de haut vol avec son développement fertile en rebondissements, mais ses deux premiers mouvements sont loin d’être aussi inspirés que ceux de l'opus 50 no 1, de sorte que l’œuvre reste dans l’ombre de ses deux sœurs, et notamment de la célèbre « Didone abbandonata ». Peut-être celle-ci — l'opus 50 no 3 en sol mineur — doit-elle une bonne part de sa notoriété au titre dont elle a été parée par Clementi, titre qu’il a doublé du sous-titre de « Scena tragica », comme pour mieux enfoncer le clou de la musique à programme. Il n’en reste pas moins que, dans cette tonalité de sol mineur à laquelle il revient pour la quatrième fois dans ses sonates, le musicien nous donne un nouveau grand chef-d’œuvre. À côté des nombreuses audaces et trouvailles qui lui valent la faveur des initiés, on n’a guère besoin de l’aide du « scénario » pour se laisser gagner par la force expressive de cette sonate qui, avant la course folle de son finale, évoque, paraît-il, « en son premier mouvement (largo patetico puis allegro) la reine Didon soumise à diverses passions discordantes et cherchant les moyens d’y échapper, et, en son deuxième mouvement (adagio dolente) la situation désespérée de la reine, qui raisonne et prie en vain. »8

Muzio Clementi, Sonate opus 50 no 1 en la majeur, I. Allegro maestoso e con sentimento, par Tanya Bannister.
Muzio Clementi, Sonate opus 50 no 1 en la majeur, II. Adagio sostenuto e patetico, par Vladimir Horowitz.
Muzio Clementi, Sonate opus 50, n° 3, en sol mineur « Didone abbandonata » par Maria Tipo.

On ne saurait mettre sur le même plan les deux autres sonates de ces derniers opus Publiée en 1804, l'opus 41 en mi♭majeur est une sonate que Clementi avait écrite une vingtaine d’années plus tôt, en deux mouvements rapides bien ficelés, et qu’il révisa peu avant de la publier en lui ajoutant un mouvement lent d’une belle sensibilité. Quant à l'opus 46 en si♭majeur, publiée en 1820 seulement, mais probablement composée entre 1800 et 1805, elle a bien quelques atouts à faire valoir, mais l’inspiration y donne trop souvent l’impression de s’être mise aux abonnés absents.

À tort ou à raison, nous ne dirons rien, puisqu’elles ne font guère parler d’elles, des quelques sonates à quatre mains ou pour deux pianos figurant au catalogue de Clementi. En revanche, il est d’autres pages qui, à des degrés divers, valent d’être signalées à l’attention des mélomanes, voire à celle des interprètes.

Notes

7. Sacre Guy, La musique de piano, Robert Laffont. Paris 1998, p. 784-785.

8. Vignal Marc, dans Tranchefort François-René (dir.), « Guide de la musique de piano et de clavecin », Fayard, Paris 1998, p.261.


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Lundi 24 Mai, 2021

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