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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : La musique instrumentale en Italie au temps de Mozart et de Haydn.

Les sonates 13-26 de Muzio Clementi (1752-1832)

Introductionsonates pour pianosonates 1-12sonates 13-26sonates 33-40 sonates 41-50.

Tout n’est pas de la même eau, loin s’en faut, dans ces dix-sept sonates des années 1785-1790, mais deux d’entre elles, les seules à être écrites en mineur, sont à thésauriser absolument : l’opus 13 no 6 en fa mineur et l’opus 25 no 5 en fa♯mineur, qui figuraient l’une et l’autre parmi les favorites de Horowitz. Dans la première, passionnée, sombre et pathétique, on a cru voir comme un écho de l’amour malheureux du musicien pour une jeune Lyonnaise dont il s’était épris au point de vouloir l’enlever. Œuvre visionnaire en tout cas, magnifiquement écrite (sans la moindre virtuosité gratuite) et, avec l’agitation, les convulsions et les sanglots de son premier mouvement, les plaintes déchirantes du suivant et la fièvre haletante du troisième, d’un caractère qui en fait avant l’heure un joyau du premier romantisme.

À n’en pas douter, l’affection de Beethoven pour cette sonate ne devait pas être loin d’égaler celle, ouvertement affichée, qu’il portait à l’opus 25 no 5 en fa♯ mineur. Plus sobre, mais elle aussi entièrement plongée dans les tonalités mineures, celle-ci force tout autant l’admiration, de son subtil premier mouvement jusqu’à son tumultueux Presto final en passant par un Lento e patetico dont le climat funèbre et les dissonances douloureuses font parfois penser à Chopin.

Muzio Clementi, Sonate opus 13 no 6 en fa mineur,I. Allegro agitato, II. Largo e sostenuto, par Maria Tipo.
Muzio Clementi, Sonate opus 25 no 5 en fa dièse mineur, I. Allegro con espressione, par Maria Tipo.

À côté de ces deux chefs-d’œuvre, on se doit de faire une place à l’opus 24 no 2 en si♭majeur. C’est cette sonate que Clementi joua devant l’empereur à l’occasion de sa fameuse confrontation avec Mozart. De plus, le nom de celui-ci est souvent évoqué à propos de cette œuvre car on a relevé une nette parenté entre le thème principal de son Allegro con brio initial et celui de l’ouverture de La Flûte enchantée. Mais la relative notoriété de cette sonate tient aussi à ses qualités propres: « Quel métier ! ont dû se dire les auditeurs de ce Noël 1781 où Clementi joua sa sonate. Tout y est, la variété des idées, l’assurance de la forme, l’éclat de la technique (mais sans les excès de l’opus 2, ouvrage encore de bateleur). »4 Par ailleurs, et sans même parler de quelques mouvements épars très réussis, on aura à cœur de ne pas négliger non plus trois ou quatre belles sonates relevant de ces différents opus : l’opus 13 no 4 en si♭majeur (malgré un finale peu consistant) ; l’opus 23 no 2 en fa majeur (vrai petit chef-d’œuvre, avec cette fois un finale de toute beauté) ; l’opus 25 no 4 en la majeur (en deux mouvements seulement, dont un Maestoso e cantabile merveilleusement varié et inspiré, et d’une souplesse mélodique qui annonce Chopin) ; et enfin l’opus 25 no 6 en re majeur (alerte et légère, en totale opposition à celle en fa♯mineur qui la précède, mais très plaisante et hautement estimable).

Muzio Clementi, Sonate opus 24 no 2 en si♭ majeur, I. Allegro con brio, par Vladimir Horowitz (1950).

Notes

Sacre Guy, La musique de piano. Robert Laffont, Paris 1998, p. 771.


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Lundi 24 Mai, 2021

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