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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : la musique instrumentale en Bohème et Moravie au temps de Mozart et de Haydn.

La musique instrumentale de Johann Baptist Vanhal  (1739-1813)

Johann Baptist Vanhal 

Johann Baptist (ou Jan Krtitel) Vanhal vit le jour en Bohème dans une famille de serfs et commença sa formation comme instituteur et organiste. Vers 1761, il lui fut offert de rejoindre Vienne où il poursuivit sa formation auprès de Dittersdorf. A part un séjour prolongé en Italie dans les années 1769-1771, et quelques échappées sur les terres du comte Erdödy en Croatie à une époque où il était en proie à des dépressions nerveuses, sa carrière allait se dérouler intégralement dans la capitale impériale. Compositeur prolifique, il se fit avant tout un nom dans le domaine de la symphonie auquel il consacra de nombreuses œuvres jusqu’au début des années 1780. Par la suite, « il écrivit surtout de la musique religieuse, vivant à Vienne en musicien indépendant, et délaissa finalement la composition d’œuvres importantes au profit de la musique de salon et de ses activités d’enseignant. »1

Parmi les centaines d’œuvres de sa plume qui nous sont parvenues, dont une part significative s’adresse sans doute plus à une clientèle d’amateurs que de connaisseurs, on compte de nombreuses pages pour clavier et surtout une quantité impressionnante de partitions de musique de chambre, en particulier de trios et quatuors à cordes. De la part d’un musicien habitué à « se frotter » aux chefs-d’œuvre de Haydn et de Mozart en la matière (on a en mémoire les séances privées de quatuor auxquelles il participait à leurs côtés avec Dittersdorf), on pourrait s’attendre à y trouver des œuvres ambitieuses, mais ce n’est guère le cas. Certes, le charme est souvent au rendez-vous, à l’exemple de ses six quatuors concertants opus 7 pour hautbois (ou flûte) et trio à cordes, mais le musicien donne l’impression de s’être contenté d’écrire des œuvres simples, gracieuses et mélodieuses, bien dans l’air du temps. À moins de découvrir là-dedans quelques pépites injustement ignorées, c’est donc vers les œuvres pour ou avec orchestre qu’on continuera de se tourner pour apprècier Vanhal à sa juste valeur.

Concertos et Symphonies

Une bonne trentaine de concertos écrits pour les instruments les plus divers, dont certains rarement servis comme l’alto, la contrebasse ou le basson : la production concertante de Vanhal est en fait assez mal connue, et peut-être est-ce regrettable car certaines de ces œuvres, comme le concerto pour alto en ut majeur ou, à un moindre degré, les concertos pour flûte en la majeur et en si♭majeur, s’élèvent au-dessus de la production courante de l’époque.

Johann Baptist Vanhal, Concerto pour alto en ut majeur par Josef Suk et l'orchestre de chambre Suk.


Johann Baptist Vanhal, Concerto pour 2 bassons en fa majeur, I. Allegro moderato, par Jaroslav Kubita, Michael Verner et l'orchestre symphonique de la Radio de Prague.


Johann Baptist Vanhal, Concerto pour flûte en si♭majeur, I. Allegro moderato) par Bruno Meier et l'Orchestre de chambre de Prague, sous la direction de M. Lajcik.

On connaît beaucoup mieux, heureusement, le corpus des soixante-treize symphonies répertoriées du compositeur. « Extrêmement populaires en leur temps, elles furent écrites entre le début des années 1760 et 1780 environ […] Durant ces deux décennies, Vanhal fut sans doute le symphoniste viennois le plus important après Haydn, et beaucoup de ses symphonies furent attribuées à ce dernier […] Vanhal, dont treize symphonies sont en mineur, fut en particulier un grand représentant du Sturm und Drang autrichien des alentours de 1770. »2 Ce sont d’ailleurs ces symphonies en mineur qui suscitent le plus vif intérêt, avec parmi elles quelques œuvres-phares comme celle en ut mineur, B.C 2, les deux en sol mineur, B.G 1 et B.G 2ou celle en re mineur, B.D 2. Orchestration généreuse et originale, richesse des idées, vitalité, contrastes dynamiques, élans passionnés et pointes de mélancolie : on comprend qu’en leur temps ces symphonies de Vanhal aient connu une vogue comparable aux œuvres contemporaines de Haydn. Et celles écrites en majeur ne sont pas forcément en reste, témoin cette étonnante Sinfonia « comista » en ut majeur, B.C 11, magnifiée par la présence de trompettes et timbales, qui, au fil de ses trois mouvements, parcourt un « programme » où se succèdent « Espérance », « Gémissement et langueur », « Lamentation » et « Réjouissance ».

Johann Baptist Vanhal, Symphonie en sol mineur, B.G.1, I. Allegro moderato, par le Concerto Köln.


Johann Baptist Vanhal, Symphonie en sol mineur, B.G.2, I. Allegro moderato, par le London Mozart Players, sou sla direction de Matthias Bamert.


Johann Baptist Vanhal, Symphonie en sol mineur, B.G.2, IV. Finale. Allegro, par le London Mozart Players, sous la direction de Matthias Bamert.
Johann Baptist Vanhal, Symphonie en ut majeur, B.C.11, « Sinfonia Comista », par le Concerto Köln, sous la direction de Werner Ehrhardt.


Notes

1. Vignal Marc, dans Tranchefort François-René (direction), « Guide de la musique symphonique », Fayard, Paris 2002, p. 812.

2. Ibid., p. 812-813. 

plume Michel Rusquet 14 mai 2019
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