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25 novembre 2019 —— Jean-Marc Warszawski.

Prendre un TVG à Paris pour dormir dehors à Niort

Niort

Une bonne idée d’avoir prévu large, j’ai enfin le temps de boire mon café. Il n’y a pas grand-chose comme terrasse attirante dans cette gare Montparnasse. Un Starbuck quelle horreur. On y met votre prénom sur le gobelet jetable, pour faire chic, mais le café est infect. Enfin : en plus ! Le café est infect.

Sur cette autre terrasse, il ne sera pas meilleur le café, mais il y a de la place. Le temps passe  tranquillement, les serveurs passent affairés. Le TGV 8383 est annoncé quai numéro neuf. Trop tard pour le café.

Ce sont deux trains accouplés. La voiture seize fait partie du second, au bout du quai. Il faut écarquiller les yeux, les diodes qui affichent les numéros sont éteintes. Les wagons ne sont d’ailleurs pas éclairés : même problème pour les places que pour les voitures, on se repère avec l’éclairage des téléphones. Quand ils ne sont pas lumineux, les numéros de places sont bizarres. Ma place a deux numéros : trente-six et cinquante-six. Nous sommes donc deux à philosopher sur cette curiosité.  La lumière enfin est : c’est cinquante-six, donc sa place, je rejoins la mienne.

Nous subissons les insupportables annonces pour faire chic comme dans les avions ou un prénom sur un gobelet jetable. Je m’en suis plain, lors d’un voyage ou à un guichet, l’employé m’a répondu : « Les gens aiment ça ». Puis on annonce un retard de quelques minutes, puis un retard dont on n’estime pas encore la durée à cause d’une panne, puis le départ du train, le conducteur ayant réparé la panne, puis un retard de quarante minutes, la panne pouvant se reproduire. Il faudra changer de train.

Je calcule… avec ma montre et mes doigts, je n’aurai pas le dernier autocar pour Champdeniers. Depuis que la SNCF a supprimé les petites lignes, il est bien compliqué de se déplacer dans nos campagnes, dont le hameau où habite ma mère. Après l’autocar, il manque encore dix kilomètres, que je parcoure en taxi. Il est plus pratique et rapide de visiter la famille à Barcelone que se rendre dans ce coin des Deux-Sèvres.

Aucun employé ne passant dans les wagons, je descends du train. Pas un accompagnateur en vue. Ils évitent peut-être d’être assaillis, c’est souvent peu amène. Je pense aller au guichet. On ne me remboursera pas mon billet, j’en serai certainement de ma poche pour un autre TGV demain. Je croise un chef de gare occupé par l’arrivée du train de remplacement. Rapidement, malgré qu’il n’ait pas de temps, il me répond que d’une manière ou d’une autre, je serai pris en charge à Niort. Il ne sait pas exactement comment, mais d’une manière ou d’une autre. Je remonte donc dans le train, puis en redescends une fois de plus pour embarquer dans cet autre TGV en état de marche, même numéro ce wagon, placement libre.

Quarante minutes de retard, trente-cinq minutes de retard, quarante-sept minutes de retard. Nous arrivons à Niort avec cinquante-cinq minutes de retard. Il est dix-huit heures trente. Vingt minutes après le départ du dernier autocar.

Nous sommes effectivement pris en charge. Qui pour Royan (21 personnes), qui pour je ne sais quelle destination (1 personne) : taxis. Champdeniers ? Le chef de gare n’avait pas prévu. Aucun problème, il commande un taxi. Sympa, il garde même ma valise, le temps que je me rende à la boulangerie, à deux pas de la gare. Je devais ramener le pain. Il n’y a plus de gares à la campagne, plus de commerces et plus de pain à la boulangerie Cathala, face à la gare de Niort.

Après une attente assez longue, l’un des deux chefs de gare en service, ennuyé, me transmet « la mauvaise nouvelle » : je ne suis pas pris en charge, la SNCF n’ayant pas de convention avec les autocars régionaux. Je ne vois pas trop le rapport, car c’est bien la SNCF qui a failli à son service, les autocars départementaux n’y sont pour rien. Confiant, il m’assure qu’il trouvera une solution. Mais il n’en avait pas.

C’est ainsi qu’une carence de la SNCF, en plus du préjudice d’un retard important, coûte à l’usager une nuit  d’hôtel à au moins soixante-dix euros (plus repas et petit déjeuner), ou cent-cinquante euros de taxi, ou un aller-retour en sens inverse, afin de rentrer à la maison et revenir le lendemain, ou gratuitement l’invite à passer la nuit dans la gare.

La SNCF est heureuse (même fière) de m’offrir un « bon voyage » égal à 25% de mon billet, soit 10,50  euros. Je ne sais comment la remercier… Le TGV 8383 de quinze heures vingt-sept, 23 novembre 2019.

Jean-Marc Warszawski
25 novembre 2019

© musicologie.org


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