Consone Quartet, Joseph Haydn, opus 77 no 1 ; Felix Mendelssohn, opus 12, opus 81. Ambronay Éditions 2018 (AMY 310).
Enregistré à Jujurieux, 31 mars-3 avril 2018.
Le Consone Quartet a été formé au sein du Royal College of Music de Londres en 2012. Il réunit de jeunes musiciens ayant déjà un remarquable pédigrée : Agata Daraskaite (violon), Magdalena Loth-Hill (violon), Elitsa Bogdanova (alto), George Ross (violoncelle). Ils jouent, sur instruments d’époque et cordes en boyau, le répertoire classique jusqu’au tournant romantique, c’est-à-dire des œuvres qui stylistiquement peuvent s’apparenter à celles du jeune Haydn jusqu’aux dernières de Beethoven.
La mayonnaise battue à quatre archets semble prendre vu les salles et festivals dont ils sont les hôtes et les collaborations, tels la soprano Gillian Keith ou le Fitzwilliam String Quartet. Les trente concerts l’an qu’ils offrent, surtout en Angleterre, beaucoup plus rarement en Slovénie, en Amérique du Sud, en France (Ambronay, Paris, Lyon), doivent être un bel exercice d’organisation au regard de leurs engagements personnels.
Ils nous proposent ici, en ouverture de programme, le second quatuor pour cordes (opus 12) de 1829, de Félix Mendelssohn, étant entendu que le quatuor opus 13 numéroté 2e est de 1827, donc le premier, et qu’entre 1831 et 1825 il a composé des fugues pour la même formation et trois quatuors avec piano.
En tombée de programme, du même, quatre pièces opus 81, composées entre 1827 et 1847, parfois nommées à tort « quatuor opus 81 », car il s’agit en fait d’un thème et variation, d’un scherzo, d’un caprice et d’une fugue.
Entre les deux, le quatuor Hoboken iii. 81, composé en 1799 par Joseph Haydn. Une commande du prince Lobkowitz, dont Haydn, de santé fragilisée, entre La création et les saisons, ne livrera que deux quatuors et une esquisse sur les six pièces prévues. On peut penser que Haydn a été aiguillonné pour trouver la force et la volonté de composer ces deux quatuors, par la concurrence du jeune Beethoven aux dents longues, comme d’ailleurs les œuvres d’envergures que sont La création et Les saisons. On remarque d’ailleurs que ce quatuor comprend un mouvement de menuet en trio, qui correspond au mouvement de Scherzo que Beethoven introduit dans ses premiers quatuors (troisième pièce des quatre de Mendelssohn), cette même année 1799, pour « son Altesse Monseigneur le prince régnant de Lobkowitz ».
Si ces deux compositeurs ont en commun d’avoir pu composer dans une conjoncture sociale favorable, Haydn par un emploi stable de longue durée bien rémunéré, ayant à sa disposition un théâtre et les meilleurs musiciens, Mendelssohn par la fortune familiale et un milieu ouvert et cultivé, le fil rouge de ce programme est en fait l’absent, Beethoven, qui influence ici le vieux professionnel rompu au métier, qui ne veut pas s’en laisser compter, et le jeune Felix Mendelssohn comme point de départ, qui deviendra le compositeur le plus admiré de son époque.
Jean-Marc Warszawski
17 mars 2019.
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