Photographie © Théâtre de Caen.
Le principe du « ciné-concert » permet à l'ORN une introduction facile à l'orchestre et à ses musiques pour des familles venues voir des vieux films muets de Charlot ou Mickey.
Ce soir Buster Keaton le lunaire, l'homme au canotier écrasé, le gaffeur sachant gaffer même sans gaffer, que ce soit pour se suicider (La guigne de Malec, 1921), fuir la police (Malec l'insaisissable, 1921) ou construire sa maison (La maison démontable, 1920). Auteur, acteur, metteur en scène, tout est filmé au millimètre, comme ce pan de mur avec une ouverture qui lui tombe dessus juste comme il faut. Et des rebondissements imprévus, souvent pour conclure, comme ce plongeon... en Chine.
On imagine bien le piano un peu ragtime et sautillant improvisant sur ces aventures débridées, même si au bout de quelques séances une petite trame se dessine et persiste ensuite... Mais un orchestre de douze cordes, flûte, hautbois, basson, clarinette, cor, harpe et multiples percussions ? Il faut donc un compositeur, ici Marc Olivier Dupin, qui conserve cet esprit « spontané » du pianiste de cinéma, accentuant au bon moment les gags et les surprises. Le bruitage est souvent dévolu au percussionniste Maxime Guillouet, cloches, détonations, claquement, roulements, martèlement au marimba... qui interrompent brutalement les motifs orchestraux, une pastorale écossaise, une romance éphémère, un tango de cheminée ou une valse de meubles.
Tout est donc calibré au millimètre, mélodies, accords intempestifs, bruitages télescopés dans un kaléidoscope sonore où l'orchestre, sur le même plan que le public et non dans la fosse, lui fait face et tourne le dos à l'écran, situation presque insolite qui s'ajoute à celles de l'action dont ils ne semblent pas avoir conscience. Seul Jean Déroyer, le chef, le pourrait, mais lui regarde ses musiciens comme si rien ne se passait sur l'écran survolté et sans s'occuper des réactions du public.
Qui a beaucoup ri, les enfants d'abord, et applaudi aussi l'orchestre, comme à la fin de tout concert, tout émerveillé par l'alliance de la musique d'aujourd'hui et des images d'hier, cette parenthèse du moment.
Le théâtre de Caen termine l'année avec Madame Favart de Jacques Offenbach le 29 et le 31 décembre. Avant de commencer la suivante en dansant avec Franchir la nuit de Rachid Ouramdane les 9 et 10 janvier.
Quant à l'ORN, il reprend le 10 janvier en deux endroits avec Pierre et le loup au Québec, à Caen et un programme de valses à Saint-Aubin-les-Elbeuf. Alain Lambert
21 décembre 2019
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