Dans le cadre du Supermonde de début saison à la Renaissance c'est l'Amérique du Nord qui s'y colle cet automne avec du blues, du théâtre, de la jonglerie, et de la danse ce jeudi.
Le chorégraphe américain Andrew Skeel, installé à Montréal, a « inventé maintenant » pour cinq incroyables danseurs du théâtre de Suresnes (David Bernardo, Mellina Goubetra, Hugo Ciona, Noémie Ettlin, Tom Guichard) un captivant ballet. Il y joue sur la mosaïque de styles qui l'ont influencé (breakdance, kenpo karaté, improvisation, danse contemporaine et classique) et celle des différents morceaux baroques assemblés pour ce spectacle (Bach, Scarlatti, Vivaldi, Dowland, Händel...).
Un bel univers musical, mais pas une simple compilation. Entre chaque plage le silence permet aux mouvements de s'achever, ou aux corps de se déplacer avant d'aller se retrouver, se frôler ou se toucher, quand la musique reprend et fait repartir le temps presque suspendu.
Car tout réside dans l'imbrication des corps, leur enchâssement, leur enchaînement, le jeu avec les interstices et les volutes, les ralentis et les jetés, les embrassements et les rejets, à cinq, à deux, à trois ou quatre. Avec parfois des moments fugués quand ils sont en décalage répété, des moments ondoyants, des moments kaléidoscopes ou d'autres plus torturés, en déséquilibre asymétrique.
On peut y voir deux filiations importantes, Béjart dans l'effervescence picturale des corps et Ohan Naharin, chez qui il a dansé, dans cette énergie renouvelée à chaque tableau. Une recréation qui insuffle à la danse contemporaine, avec souplesse et fluidité, contraste et miroitement, le vocabulaire improvisé des différents danseurs passés eux aussi par le hip-hop. Les solos surtout en sont marqués, toujours en harmonie avec la musique choisie, comme les deux masculins sur des extraits de suites de violoncelle de Bach ou le féminin stroboscopé sur un largo déchirant.
Un superbe spectacle récompensé par de longues ovations du public, et qui tourne encore dans l'hexagone, du nord au sud, le 23 octobre à Vaulx-en-Velin, le 8 novembre à Bezons, le 6 décembre à Gonfreville l'Orcher, le 12 mars à Divonne-les-Bains, le 17 mars à Oloron-Sainte-Marie et le 2 avril à Clichy sous Bois.
Quant au Supermonde à la Renaissance de Mondeville, il continue avec Noire du Collectif F71 le 10, Layla McCalla 4tet le 17 octobre, et Espièglerie le 19 novembre.
Alain Lambert
3 octobre 2019
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Mercredi 9 Décembre, 2020