Avec So Miles de Nicolas Folmer, 4Wheel Drive de Nils Landgren, Quiet Men du quatuor Colin-Cueco-Drapier-Omé, Flûte Poésie d’Émilie Calme et Circo Circo de Who's The Cuban ? On peut laisser le printemps arriver tranquillement sans s'enrhumer forcément.
So Miles (Cristal 2019) du trompettiste Nicolas Folmer est un petit bijou qui reprend de façon très actuelle certains des grands tubes (Blue In Green, Nefertiti, Footprins, Human Nature, So What), en compose d'autres à la manière de... (Around Pinocchio, Gil Ahead, Miles From The Sky, What's Happen) ou arrange Get Lucky de Daft Punk comme aurait pu se l'approprier le grand alchimiste. Tout en arrivant à mêler ses différentes périodes, acoustiques, électriques, en petit comité ou en big band, avec son propre quintet de choc : Laurent Coulondre aux claviers, Olivier Louvel aux guitares, Julien Herné à la basse et Yoann Serra à la batterie, augmenté de saxophonistes (Stéphane Guillaume, Rick Margitza...) et au besoin Felix Roth au cor. Le résultat est remarquable et revisite avec énergie et créativité l'œuvre immense de Miles. Un bel hommage.
En live, 14 et 15 juin, au Sunside à Paris (aussi les 13 et 14 septembre), et le 28 juin à Wolfisheim, en juillet à Sègre, Porquerolle, Albertville, La Guiche.
4 Wheel Drive (ACT 2019) du tromboniste suédois Nils Landgren commence très fort par Polygon du pianiste Michael Wollny, très en verve sur ce disque de chansons pop pour la plupart, avec la basse pulsante de Lars Danielsson et la batterie en rebond de Wolgang Haffner. Après cette entrée en matière énergique vient la ballade A Day In Paradise de Phil Collins, au piano vaporeux, à la voix diaphane et au trombone fredonnnant. Lady Madona des Beatles est un instrumental à faire chanter les instruments. Sting aussi est à l'honneur avec Shadows In The Rain, avant un thème latino du batteur, Lobito, et un retour vers McCartney, May Be I'm Amazed, très apaisé, tout comme She's Always A Woman de Billy Joel. L'instrumental suivant est du tromboniste, Le chat sur le toit, va-tout en souplesse. Puis reviennent Billy Joel, Sting et Genesis, avant le thème final du bassiste, quatre roues motrices obligent. Un beau cédé tranquille qu'on peut réécouter sans se lasser.
Ils seront en live partout en Allemagne (Berlin le 17) et en Suisse (Zurich le 14) ce mois d'avril.
Les musicos de Quiet Men (Faubourg du monde 2019) sont aussi faussement tranquilles entre folk baroque et jazz actuel. Avec Denis Colin à la clarinette basse et contralto, Pablo Cueco au zarb, petit tambour perse, Simon Drapier à l'arpeggione, entre violoncelle et guitare (qu'on entend longuement dans Milonga desigual du percussionniste ou Janj Kasàlà du clarinettiste), et Julien Omé à la guitare dont la composition Night is over ouvre ce cédé ensoleillé. Chevaliers du violoncelliste, très folk justement, s'avère vite une reprise de ceux de la table ronde. Hommage au désert du percussionniste nous emmène un peu plus loin, avec une guitare qui rappelle la belle époque de Pentangle. Turkih women at the bath, de Pete la Roca nous ramène un instant à la clarinette des origines. Chacun des musiciens propose au moins deux ou trois titres pour mieux partager la musique dans cet ensemble baroque très coloré aux paysages de peau, de vent et de cordes.
À écouter en live, jeudi 9 mai, au studio de l'Ermitage à Paris.
Avec Flûte Poésie (Continuo Jazz 2019) d’Émilie Calmé, on reste dans le même registre acoustique et méditatif. L'album s'ouvre sur le son du bansuri, une flûte indienne, sur des roulements de tambour de Lukmil Perez, avant que le piano d'Alain Jean-Marie et la contrebasse de Gilles Naturel ne retrouvent les accords de Song of Delilah (Lou Reed ou Nat King Cole ?), mais tout en conservant l'influence de l'Orient. Dans Celia de Bud Powell, la flûte traversière se prête joliment au bebop du quatuor, de même dans Little Niles de Randy Weston au piano équilibriste. Suit un solo flûté sur Like Someone In Love, avant Flora de Gilberto Gil, en groupe et en bossa. Sur Indifférence de Tony Murena, l'harmonica de Laurent Maur s'amusette avec la flûte. Et tous les cinq interprètent Rapture de Harold Land, avant un duo flûte-piano sur Chofe Biguine-La de R. Mavounzy. En final bansuri-harmonica, Naima de John Coltrane pour clore ce superbe cédé.
En live au Sunside le 21 mai.
Avec Circo Circo (L'Autre distribution 2019) de ¿Who's The Cuban?, on découvre un quintette électrique venu de Nancy pour revisiter la salsa, avec déjà trois albums à leur actif sous le nom de Son Del Salon. Julio David López Pérez est au chant et aux petites percussions Anthony Hocquard aux guitares, tres, claviers, petites percussions et chœurs, Sylvain Richard au trombone, Olivier Herrmann à la baby bass et Thibaut Chipot à la batterie et aux percussions. S'ajoutent aussi plusieurs invités au chant (Anais Ramos), aux trombones (Youssef Essawabi, Stéphane Montigny) aux percus (Natascha Rogers, Pedro Barrios) et à la trompette (Dayron Ramirez Hernandez), de quoi donner du swing et de la pêche à l'ensemble avec riffs de guitare électrique et nappes brumeuses de claviers. Les chansons s’enchaînent presque sans reprendre souffle, sauf sur Coma ou Rosana ou Afro Spleen ou Teologia de barra, mais très vite les chœurs nous rappellent à la transe.
Ils seront à Paris le 29 avril au New Morning.
Alain Lambert
5 avril 2019
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