Un quatuor acoustique d'abord (L'ogre intact) celui du guitariste-compositeur Pierrick Hardy, puis le quartet grave et loufoque du tromboniste-compositeur Daniel Zimmermann (Dichotomie's). Aussi trois pianistes aux ambiances variées, le quintet coloré de David Bressiat (True colors), le trio multiple et oriental de Stéphane Tsapis (Le Tsapis volant) et celui romantique de Fred Perreard (Romantic sketches). Pour admirer les feuilles danser en tombant.
L'ogre intact (Émouvance 2019, sortie le 28 novembre) du compositeur et guitariste Pierrick Hardy propose avec son Acoustic Quartet : Catherine Delaunay à la clarinette et au cor de basset, Régis Huby au violon et Claude Tchamitchian à la contrebasse, une musique aussi mystérieuse que le titre de l'album. Contemporaine, proche de la musique savante, très écrite et arrangée, mais avec de belles improvisations entre les méditations. Comme celle du guitariste dès le premier titre Avant dire/Tamasaburô ou celles des compagnons de partition qui s'évaporent au fil des six thèmes. L'ogre, emporté par la clarinette puis par le violon, divague sur fond répétitif de cordes entre les Flottements et La violence du terrain, tout en restant finalement intact. La Fresque clôt ce bel objet sonore intrigant à redécouvrir à chaque nouvelle écoute.
Et à découvrir en live le 28 novembre au Triton (Les Lilas).
True colors (ADME Obstinato 2019) du pianiste David Bressat nous propose un enregistrement live, avec la vraie couleur des musiciens sans reprise possible, de ses compositions. Un cinquième opus où il est accompagné de Charles Clayette à la batterie, Florent Nisse à la contrebasse, Eric Prost au sax ténor et Aurélien Joly à la trompette et au bugle. Une musique jouant de ces cinq lignes sonores très fortes pour les entrechoquer, les emmêler, les iriser tout au long de titres parfois énigmatiques : Holi, Triangulo, Daum vole, Flow. Ou un peu moins, Soleil doré, True colors et Une belle virée, qui illustrent bien le lyrisme du pianiste et de ses complices, en particulier les deux soufflants, soutenus par une section rythmique bien balancée, à la fois efficace et discrète selon les moments. Un superbe album au jazz intemporel.
À écouter en live le 16 novembre à Roanne, le 23 à Lyon, le 29 à Vienne, le 4 décembre au Sunside à Paris, le 6 à Bourg-en-Bresse, avant une tournée en Inde.
Dichotomie's (Label bleu 2019 - sortie le 18 novembre) propose une musique qui s'amuse à confronter deux cuivres graves, le trombone de Daniel Zimmermann et le saxophone basse de Rémi Sciuto, accompagnés de Benoit Delbecq au piano et claviers et de Franck Vaillant à la batterie. D'où un jeu de cohabitation des basses et des choix de vie qui explique en partie le titre de l'album. Si Les moutons de Panurge, très étrange et rapide, Le vieux robot, très ralenti et ouateux, Eclipse, très évanoui, ou Le monde d'après semblent évoquer, de façon souvent burlesque, la face sombre de notre monde, d'autres titres sont plus lumineux, Little sun, Summer in Barrencoueu, Volatiles... mais tout aussi acrobatiques pour les instrumentistes qui tiennent le cap sans faiblir et s'amusent visiblement à nous balader dans l'univers singulier du tromboniste virtuose et bien allumé.
À découvrir en live le 3 décembre au Studio de l'Ermitage à Paris, à Cenon le 20 février, et à Amiens le 18 mars prochain.
Romantic Sketches (Jazz Family 2019) est un vrai faux trio, celui du pianiste Fred Perreard, accompagné de Arthur Alard à la batterie et de Samuel F'hima à la contrebasse, qu'on peut entendre ainsi sur plus de la moitié des onze titres proposés. Et c'est un trio qui joue, on s'en rend compte dès Crepuscule, le premier thème, ou sur Turnaroud où le Rhodes prend le relais. Sur les cinq autres, le pianiste et compositeur s'est adjoint des invités, dont trois sur le titre éponyme : le violoncelle de Marie Tournemouly qu'on retrouve aussi sur JCH, la flûte chantée de Balthazar Naturel qu'on entend aussi dans Garden, et la voix de Camille Durand. Sur London, c'est le sax ténor d'Irving Acao qui s'insinue superbement. Et pour presque clore, Baptiste Herbin à l'alto et Hemon Mehari viennent cuivrer Conversation with S. Avant le bref final en piano solo.
À écouter au Sunside à Paris le 5 décembre.
Le Tsapis volant (Cristal records 2019) est le prolongement du spectacle et du livre BD-CD (paru aussi en début de mois avec un cédé enregistré en solo par Stéphane Tsapis) de Zina Abirached consacré au piano oriental de son grand père, Abdallah Chahine, permettant le jeu en quarts de ton et datant des années 50. Un exemplaire jusqu'ici unique dont le luthier Luc-André Deplasse s'est inspiré pour transformer un Yamaha quart de queue en piano oriental plus facilement transportable. C'est donc un disque en quartet avec Marc Buronfosse à la contrebasse, Arnaud Biscay à la batterie et Neset Kutas aux bendir, daf, derbouka consacré au piano occidental, électrique et oriental. Mais accompagné de voix de chanteuses sur la plupart des titres : Lynn Adib, Cybèle Castoriadis, Gulay Hacer Troruk, Maki Nakano, Valentina et Juanita Anez. Un chouette voyage aérien et comopolite.
À écouter en concert le 10 novembre à Lille, le 12 février à Rennes pour le spectacle Le piano oriental, et le 10 décembre au Studio de l'Ermitage à Paris pour Le Tsapis volant.
Alain Lambert
7 novembre 2019
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