César Franck, Trois chorals, Yoann Tardivel, Orgue Merklin de la cathédrale de Moulins, avec trois réductions pour orgue d'extraits des opéras Hulda et Ghiselle. Éditions Hortus 2017 (Hortus 147).
L’organiste Yoann Tardivel est passé par les conservatoires de Paris, de Rueil-Malmaison, et du national supérieur de Paris. Il a eu comme principaux professeurs Michel Bouvard, François Henri Houbart et Olivier Latry. Il s’est perfectionné au Conservatoire Royal de Musique de Copenhagen sous la direction de Bine Bryndorf , et au Conservatoire Royal de Bruxelles avec Jean Ferrard et Bernard Foccroulle.
Il est actuellement co-titulaire du grand orgue historique de l'église Notre-Dame des Vertus à Aubervilliers et professeur assistant au Conservatoire royal de Bruxelles.
Après un premier cédé chez Hortus consacré à des œuvres de Jehan Alain, enregistrées au grand orgue Victor Gonzalez de l'église Saint-Jacques de Dieppe (Hortus 092), ce sont les trois chorals, le testament musical de César Franck, qui font l’objet de ce nouvel enregistrement, à l’orgue Merklin de la cathédrale de Moulins.
La carrière de César Franck (et lui-même) a souffert d’un père dominateur, voulant tirer ses revenus des concerts donnés par ses fils, le retirant du Conservatoire avant qu’il ne puisse participer au concours du Prix de Rome, l’écartant ainsi du filon des compositeurs de l’époque : l’art lyrique. Courant les concerts rémunérateurs, il obtient la tribune de Sainte-Clothilde à l’âge de 36 ans, se fait connaître comme improvisateur.
Sa postérité a souffert de la proximité de Vincent d’Indy et de ses élèves « la bande à Franck » issus de la bourgeoisie aisée, dont pas mal d’avocats. Mais d’un autre côté, en plus de mettre du beurre dans les épinards, cela lui apportait une culture qui lui a fait défaut dans sa jeunesse. C’est aux abords de la cinquantaine qu’il commence à composer ses grandes œuvres.
Pourtant, qu’on cherche des influences allemandes (certes Beethoven et Liszt), ou françaises, il a ouvert la voie à une musique instrumentale française « sérieuse » fortement architecturée, ce qui ne se faisait pas son époque, et en fin de compte donné à entendre quelque chose de nouveau, la seule chose alors nouvelle peut-être. Par ses thèmes lyriques irriguant et structurant la cohérence des œuvres du début à la fin (ce qui est un « truc » d’improvisateur), la fameuse forme dite cyclique, et une harmonie chromatique en glissements, en digressions, familière de la dissonance jusqu’à la 9e, voire de 9es parallèles, mais ne perdant jamais le fil tonal ni le souffle lyrique.
Parce qu’il les a composés à la fin de sa vie, qu’ils illustrent parfaitement son style, mais aussi son art de l’orgue symphonique, on présente ces trois Chorals, vastes variations sur thèmes, comme son testament musical.
Yoann Tardivel récuse cette idée. Il y voit au contraire le début, ou une ouverture sur une œuvre profane plus vaste, des projets (de jeunesse ?) lyriques, et nous offre en bonus, pour appuyer son propos, trois transcriptions pour orgue d'extraits de deux opéras de césar Franck, Hulda et Ghiselle, par Charles Tournemire.
César Franck, Troisième choral (extrait), plage 6.
1. Choral en mi majeur ; 2. extrait de l'opéra Hulda, « Cortège des fiancés », transcription de Charles Tournemire ; 3. Chanson de l’Hermine, idem ; 4. Prélude de l’acte II de de l'opéra Ghiselle, transcription de Charles Tournemire ; 5. Choral en si mineur ; 6. Choral en la mineur.
Jean-Marc Warszawski
18 juillet 2018
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Mercredi 18 Juillet, 2018 1:01