Paris, 11 décembre 2018 —— Jean-Marc Warszawski.
Romain Descharmes. © photo Jean-Baptiste Millot.
Pour la sixième saison Blüthner « Piano mon amour » parisienne, L’auditorium du Goethe-Institut était quasiment comble. Avec un public fidèle cette manifestation aux six récitals la saison est pérenne.
Après un premier récital le 9 octobre dernier avec Julia Mustonen-Dahlkvist dans un programme de Nord à Sud d’œuvres de Sibelius, Schumann, Debussy et de De Falla, Romain Descharmes proposait le 11 décembre dernier, un programme de pièces dont les titres empruntent à des éléments de la nature, et la musique, entre autres à des chants fatasques d’oiseaux, prétexte à un déferlement de virtuosité transcendante.
Deux préludes de Claude Debussy, Le vent de la plaine et Ce qu’a vu le vent d’Ouest, bien sûr Gaspard de la nuit de Maurice Ravel. Nous avons été sensible à la présence d’œuvres moins plébiscitées dans ce genre de récital, comme les neuf Waldszenen (scènes de la forêt) de Robert Schumann, hommage obligé au lieu consacré à la culture allemande, entre ses accords bombastiques semblant des armes de combats contre l’instrument et une écriture inhabituelle, dont l’original Vogel als Prophet (L’Oiseau fait prophète), le n0 7. Le Reflet dans le vent d’Olivier Messiaen, aux intentions d’un mysticisme maladif sinon délirant aux visions colorées, qui commence par l’évocation d’une colombe orangée veinée de violet, et surtout la Dance of the Brush-footed Buttefly, dédicacée par Peter Eötvös en 2012 à Peter Hanser-Strecker pour ses soixante-dix ans, où les roucoulades parfois effrénées des oiseaux sont dans cette pièce musicalement remplacées par les battements d’ailes et les légères brusqueries d’une nymphalidé aux grandes ailes colorées... cette fois par mère Nature.
Romain Descharmes a étudié le piano sous la direction de Jacques Rouvier, la musique de chambre avec Christian Ivaldi et l'accompagnement au piano sous Jean Koerner, au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. En 2001, il reçoit un grand piano Blüthner de la Fondation Alfred-Reinhold. Il est parmi les Lauréats de la fondation l'un des plus en vue du moment, battant les planches mélomanes du monde entier, seul, avec orchestre, au sein du Trio Talweg ou le groupe Quai no 5, qui transforme la musique classique en musique populaire sonnant le monde, où le pianiste n’hésite pas à tenir la contrebasse.
Mis à part les passages colères de Schumann contre le piano, la complicité de Romain Descharmes avec son instrument est évidente. On imagine mal le même corps à corps et la maîtrise que peut avoir un guitar hero avec sa six cordes, ou un violoniste virtuose faisant corps avec son violon, ou le feeling du saxophoniste de jazz. Le piano est un gros meuble bourré de mécanique. Mais il y a de cela, via une belle position de mains, ce portage tendu du son, et cette magistrale maîtrise où l’on sent, jusque dans les climax et traits les plus virtuoses, l'anticipation, la réserve d’énergie et de possibilités. Le sysème neuronal central du pianiste ne risquerait pas grand chose dans les œuvres d'Alkan.
Le 26 février 2019, la saison Blüthner accueillera dans le même lieu Anna Ulaieva, le 23 avril, Tanya Gabrielian, le 14 mai, Éliane Reyes, le 25 juin, Einav Yarden.
Romain Descharmes. Paris, Goethe Institut, 11 décembre 2011. Photographie © musicologie.org.
Jean-Marc Warszawski
11 décembre 2018
La Simphonie du Marais de Water Music à Royal Fireworks —— Musique de chambre et mélodies : les Dialogues musicaux de John Sernee —— Johannes Brahms clair et net clarinette —— Trudelies Leonhardt, son piano Seidner 1815, Beethoven et Schubert —— Jean-Baptiste Dupont : 5e et double album des œuvres d'orgue de Max Reger —— Marie Van Rhijn interprète Élisabeth Jacquet de la Guerre —— Concerts et hommages musicaux à la cathédrale Saint-Louis des Invalides de Paris.
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Jeudi 20 Décembre, 2018 2:53