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8 avril 2018 —— Jean-Marc Warszawski.

Proust écrivain de la musique

Leblanc Cécile, Proust écrivain de la musique : l'allégresse du compositeur. « Le champ proustien », Brepols, Turnhout 2017 [648 p. ; ISBN 978-2-503-56636-8 ; 75 €].

Leblanc Cécile, Proust écrivain de la musique : l'allégresse du compositeur. « Le champ proustien », Brepols, Turnhout 2017 [648 p. ; ISBN 978-2-503-56636-8 ; 75 €].

Ce livre rédigé en français jusqu’à la moindre virgule, compréhensible par tout à chacun,  intéressera les enthousiastes des œuvres de Marcel Proust, dont je ne suis pas à cause de l’érudition clanique qui l’entoure, à laquelle je n’ai pas envie de me mêler,  semblant propre à gâter d’avance ma découverte personnelle. Il intéressera  aussi les lecteurs plus courants,  et celles et ceux, qui pour une raison ou une autre désirent prendre l’air culturel du passage des siècles dix-neuf à vingt, dans les milieux favorisés de la capitale française.

Ce livre est une somme où Cécile Leblanc remet tout à plat, rassemble une vaste documentation largement ramifiée, repense le questionnaire à lui soumettre. Littéraire de formation, elle s’est donné, ou a, une culture musicale suffisamment solide pour traiter magistralement son sujet.

Il ne s’agit pas tant ici de pister les modèles qui ont inspiré  les personnages des romans de l’écrivain, Vinteuil en tête, que d’étudier les modèles que sont devenus ses personnages romanesques, en transformant peu à peu Proust lui-même en critique musical pensant la critique et l’écoute.

S’il a l’expérience des soirées musicales des salons de la belle société, où son ami de cœur, Reynaldo Hahn fait un tabac, Proust, comme le montre Cécile Leblanc,  s’est aussi cultivé musicalement. Il est pianiste, va au concert, fait venir des musiciens à domicile, et cherche à accéder à une écoute concentrée que le salon ou la salle de théâtre ne lui semblent pas offrir. Il développe ainsi une « écoute lointaine » (ou à l’aveugle), comme derrière une porte de salon  fermée ou entrebâillée, pour atteindre l’être musical, libéré des usages sociaux et des gestes des musiciens.

Il s’abonne au Théâtrophone, qui permet depuis 1881 d’écouter par téléphone les spectacles de l’Opéra et d’autres salles parisiennes, fait l’acquisition d’un Pianola, un piano mécanique à rouleaux  jouant des œuvres pianistiques, mais aussi des réductions orchestrales, avec l’avantage de pouvoir échanger les rouleaux. Ainsi, Cécile Leblanc peut retrouver les œuvres mises en rouleaux par la firme Pianola sans  les écrits de Marcel Proust.

Il y a bien entendu porosité entre l’expérience musicale de Proust et ses personnages fictifs, mieux, pour ce qui concerne la critique, la frontière entre réalité et fiction est assez ténue, puisque les critiques derl’époque ne reculent pas devant l’usage de la fiction, et les romanciers introduisent dans leurs récits des œuvres ayant été réellement composées.

En interrogeant largement l’époque, la littérature, la presse, les échanges épistolaires, Cécile Leblanc place l’atelier de Proust sans une dynamique d’époque dépassant largement l’anecdote réduite en général aux singularités des salons et de leurs fréquentations.

plume 6 Jean-Marc Warszawski
8 avril 2018


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