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Caen, 5 décembre 2018 —— Alain Lambert.

Ohad Naharin Decadance : un kaléidoscope musical et dansé passionnant

Decadance au théâtre de Caen. Photographie © Gadi Dagon.

En remarque préliminaire tout d'abord, le programme musical est entièrement détaillé sur la feuille distribuée à l'entrée, même si on est loin de tout connaître et de s'y repérer. C'est tellement rare qu'il faut le souligner, tant la danse sans les musiques ne serait plus la même.

Quand le public s'installe, un danseur est déjà sur scène et improvise sur un fond jazzy durant une bonne vingtaine de minutes, de toutes les manières possible, sans doute pour nous donner un aperçu de cet entraînement Gaga mis au point par le  chorégraphe Ohad Naharin pour pousser au plus loin les corps et les personnalités des danseurs, entre folie et liberté, panique et dérision.

Sans transition, sur une bossa de Laurindo Almeida, les dix-sept jeunes danseuses et danseurs, lui compris, sont là, et tremblent comme des maracas multicolores. Avant d'illustrer de leur gestuelle l'annonce de bienvenue, phrase après phrase, invitant à la fois à éteindre nos téléphones et à regarder et écouter.

Puis les voilà groupés, assis, le dernier rang debout, à danser sur un chant de shaman indien auquel succède un thème électro, et une mélodie pop, avec les seuls bras et têtes, avant de tous se lever en se dispersant dans l'espace pour des séquences souvent courtes, des changements fréquents de registres, musicaux et dansés, y compris une longue mélopée arabe  en rang d'oignons sur le devant de la scène. Et trois morceaux étonnants avec une douzaine de spectateurs choisis parmi le public.

Decadance, la compilation variable des spectacles du chorégraphe Ohad Naharin pour la troupe des jeunes danseurs de la Batsheva Dance Compagny de Tel-Aviv. Une suite de moments forts proches parfois du mouvement brownien et du surréalisme. En particulier, après l'intermède avec le public, ils se retrouvent  en demi-cercle sur des chaises, toujours en noir dans l'habit traditionnel orthodoxe, et s'écartèlent sur Echad Mi Yodea, le « chant des nombres », un choral liturgique accompagné ici par une guitare heavy metal, jusqu'à l'arrachage enragé des vêtements.

Le final est une longue pièce sur l'illusion de la beauté, une suite de séquences électro quasi arythmiques sur lesquelles les pas de danse réussissent à s'inventer, entre autres dans une triple série particulièrement loufoque qui se clôt malgré tout sur les harmonies enchantées de You're Welcome des Beachs Boys. Et l'ovation enthousiaste du public.

À venir au théâtre de Caen, Tarare de Salieri et Beaumarchais le 9 décembre par les Talents lyriques, le 7e concert de l'intégrale des quatuors de Haydn  par le Quatuor Cambini le 17 décembre et The Beggar's Opera de Pepusch et Gay par les Arts Florissants du 18 au 21 décembre.

plume 14 Alain Lambert
5 décembre 2018

 

 

 

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