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Giverny, 24 août 2018 —— Jean-Marc Warszawski.

Musique de chambre à Giverny, 9e concert : « E la nave va »

Trois œuvres ce soir dans l'église de Saint-Pierre-d’Autils de nouveau coiffée mais par un clocher tout neuf, qui l'an passé était déposé au pied de la tour. Des arrangements sur des musiques de film d'Enio Morricone, la création de la Sonata VII de Laurent Duvillier-Wable, trois des cinq pièces pour quatuor à cordes d'Alfredo Casella, et le beau coucher de soleil d'Ottorino Respighi : Il Tramonto.

Luka Ispir (violon), Lisa Strauss (violoncelle), Théo Ould-Cordier (accordéon) et Laurent Duvillier-Wable. Photographie © Jean-Jacques Moreau.

Bastien Dollinger et Jean-Baptiste Mazzoni (classe de Cyrille Lehn au Conservatoire national supérieur de Paris), Deux fantaisies sur des thèmes d'Ennio Morricone, pour orchestre et piano. Clémence de Forceville, Soeun Kim, Mai Tategami (premiers violons), Luka Ispir, Aylen Pritchin (seconds violons), Xavier Jeannequin, Kei Tojo (altos), Lisa Strauss, Alexis Deroin (violoncelles), Jean-Édouard Carlier (contrebasse), Jean-Claude Vanden Eynden (piano).

Ennio Morricone fêtera ses quatre-vingt-dix ans dans deux mois et dix-sept jours. Qui n’a pas dans l’oreille de ses mélodies, de ses sons, de ses atmosphères, la formule de flûte à bec, d’ocarina, d’harmonica, la vocalise de soprano, de chœur parlé…  Ses musiques ont parfois, presque autant que les images, participé au succès des films, depuis 1964, avec Pour une poignée de dollars, western spaghetti de son compère Sergio Leone, sa vingt-deuxième musique de film, sur quatre cent cinquante environ qui vont suivre. Dont Il était une fois dans l’Ouest (Leone), Théorème (Pasolini), Le clan des Siciliens (Verneuil), Salò ou les 120 jours de Sodome (Pasolini), La Cage aux Folles (Molinaro), La Luna (Bertolucci), Le professionnel (Lautner), avec la magnifique mélodie « Chi Mai », Hamlet (Zeffirelli), Sacco et Vanzetti (Montaldo), dont la ballade « Here's to you, Nicola and Bart … » est chantée par Joan Bez… une cinquantaine de nominations et de récompenses dans le monde entier. Ses musiques de film sont jouées par toutes les grandes et petites phalanges. Il a aussi composé pour Milva ou Mireille Mathieu. Mais il alimente, depuis 1946, un second catalogue (plutôt un premier) de compositions dans tous les genres, à l’exemple de Monteverdi, de seconda prattica, une musique plus atonale et avant-gardiste, mais toute théâtrale et expressive sans les images, comme sa messe pour le pape François de 2015.

Sharon Coste-Poras (soprano). Photographie © Jean-Jacques Moreau.

Alfredeo Casella (1883-1947), 5 pièces pour quatuor à cordes, opus 34 (1920), dédicacées à G. M. Gatti, extraits : 1. Preludio, 4.  Notturno, 5. Fox-Trot. Clémence de Forceville (violon), Mai Tategami (violon), Jossalyn Jensen (alto), Zlatomir Fung (violoncelle).

Sa mère commence à le coller au piano, puis à 13 ans, Casella quitte Turin pour le Conservatoire national de Paris, où il étudie entre autres avec Gabriel Fauré (composition) et Louis Diémer (piano). Il est un temps claveciniste de la Société des instruments anciens, fondateur avec d’autres et secrétaire de la Société de musique indépendante, contre les passéistes, devient chef d’orchestre des concerts populaires du Trocadéro, est assistant d’Alfred Corto au Conservatoire, il se rapproche de Stravinsky, de Schönberg, de ce qu’il y a de plus moderne. En 1915 il quitte Paris pour enseigner le piano à Rome. Il est dès lors très actif dans la vie musicale italienne (compositeur, concertiste, écrivains, professeur, critique, organisateur) et participe, avec entre autres Respighi, à calmer les ardeurs belcantistes italiennes pour un retour aux dures réalités de la musique instrumentale. Même si ces cinq pièces sont marquées par l’influence de Stravinsky, 1920 marque un tournant dans le style de Casella qui puisera son inspiration dans les musiques populaires italiennes dans une écriture épurée.

Laurent Duvillier-Wable, Sonata VII, pour violon, violoncelle et accordéon (2018), création. Luka Ispir (violon), Lisa Strauss (violoncelle), Théo Ould-Cordier (accordéon).

Laurent Duvillier-Wable est le compositeur invité de musique de chambre à Giverny, cadre de la création de son Preludio pour violoncelle en 2011, par Michel Strauss. Né en 1947, il est le fils du peintre René Duvillier. Il a étudié le piano auprès de la compositrice Suzanne Obadia (1914-2012), épouse du peintre Louis Joly, cela ne dépayse pas trop, et pour la composition, de Michel Puig (né en 1930), instruit dans le dodécaphonisme et proche de peintres dont René Duvillier.

En 1992, il a entamé la composition d’une série de sonates (éditées par Leduc), dont la sixième, Harmonologia, pour piano date de 2007. Un cycle auquel il revient après onze ans d’absence.

Tant parallèlement que transversalement, Laurent Duvillier-Wable a été pendant près de trente ans et dès sa création en 1981 par une vingtaine d’auteurs, directeur général délégué de La Scam, Société civile des auteurs multimédia, après avoir occupé, depuis 1977, les mêmes fonctions à la Société des Gens de Lettres.

Jean-Édouard Carlier (contrebasse), Lisa Strauss, Alexis Deroin (violoncelles). Photographie © Jean-Jacques Moreau.

Ottorino Respighi (1879-1936), Il Tramonto / Coucher de soleil, pour soprano et cordes (1914), sur un poème de Percy Bysshe Shelley, traduit en italien par Roberto Ascolid, dédicacé à Chiarina Fino Savio, créé en mai 1915 à l'Accademia di Santa Cecilia, par la dédicataire. Sharon Coste-Poras (soprano), Mai Tategami (violon), Soeun Kim (violon), Jossalyn Jensen (alto), David Bordeleau (violoncelle), Jean-Édouard Carlier (contrebasse).

Né à Bologne dans une famille musicienne, Ottorino Respighi étudie le violon et la composition au Liceo musicale de sa ville natale. Muni de son diplôme de violon, il est engagé par l'Orchestre du théâtre de Saint-Pétersbourg, et étudie avec Rimsky-Korsakov, puis avec Max Bruch à Berlin. Il est de nouveau à Bologne en 1903, violoniste au sein d’un quatuor. À partir de 1913, avant d’en devenir le directeur, il enseigne à l’Academia Santa Cecilia de Rome où il croise Alfredo Casella. Ils boivent des espresso, grillent des sigarette et parlent boulot. Leurs cheminements respectifs sont assez comparables :  interprètes, compositeurs, professeurs, premières études locales, puis influences cosmopolites à l’étranger, retour à la maison, volonté de redorer le blason italien de la musique instrumentale (Respighi est un orchestrateur de grand talent), en puisant dans les traditions populaires. Ils sont en fait quatre dans ce cas comme les trois mousquetaires, avec Gian Francesco Malipiero (1882-1973) et Ildebrando Pizzetti (1880-1968). Respighi a tout de même composé 9 opéras et une cinquantaine de mélodies, dont celle-ci, mais tient sa popularité de ses poèmes symphoniques.

Dans Percy Bysshe Shelley (1792-1822), il y a « Shelley » de Mary Shelley son épouse, la mère littéraire de Frankenstein. Dans ce poème, le coucher de soleil symbolise la mort de deux amants. Lui d’abord soudainement, elle de chagrin. Respighi a composé cette mélodie pour son amie la mezzo-soprano Chiarina Fino Savio. Au quatuor à cordes d’origine, une partie de contrebasse a été ajoutée dès la création.  Une œuvre d’une grande intensité expressive, proche d’un récitatif chanté d’opéra au climat expressionniste.

 

Jean-Marc Warszawski
14 septembre 2018

 

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Samedi 29 Septembre, 2018 23:31