Loustalot, Chesnel, Chiffoleau, Marguet : « Old and New Songs », mais combien actuels !

Old and new songs, Yoan Loustalot (trompette, bugle), François Chesnel (piano), Frédéric Chiffoleau (contrebasse), Christophe Marguet (batterrie). Bruit Chic 2018.

Enregistré en avril et juillet 2017 au studio Gill Evans d’Amiens.

2 février 2018, Par Alain Lambert ——

Un nom d'ensemble et d'album qui fait penser au Old and New Dreams de Charlie Haden, Don Cherry, Dewey Redman, Ed Blakwell. Avec en bonus une intro de batterie titrée Old and New Drums, si vous n'étiez pas encore convaincus. Mais des songs venus plutôt d'Europe et d'Asie que d'Amérique du Nord...

Un nouveau quartet donc, pour le duo Loustalot-Chesnel qui en a déjà partagé plusieurs, dont l'un très proche dans l'esprit puisqu'il projetait de réinventer les chansons de Kurt Weil. François Chesnel, pianiste caennais, a déjà pas mal travaillé dans sa région sur ce répertoire populaire, par exemple dans le Folk Songs 5^tet d'Annette Banneville ou son groupe Verona actuellement influencé par Neil Young et Joni Mitchell, avec un album en préparation.

Old and New Songs au théâtre de Caen, 13 janvier 2018. Photographie © Christian Mariette.

Dès le premier titre, Mellan Branta Stränder, le voyage commence par la Russie, porté par le son grave du bugle de Yoann Loustalot, le piano virevolté, la contrebasse lancinante de Frédéric Chiffoleau, et la batterie palpitée de Christophe Marguet. Ensuite File la laine, une chanson du siècle dernier façon ancienne, et que les lycéens de Saint-Nazaire Chiffoleau et Loustalot chantaient jadis à la chorale. Comme tous ces airs ancrés dans les souvenirs de chacun des quatre musiciens qui les ont proposés à l'ensemble. Le Brésil est représenté par la « Cantilène » bien connue de la 5^e Bachianas Brasileiras de Villa Lobos, dont la mélodie flamboyante ne se révèle à la trompette qu'au fil d'une longue impro collective. Plaine, ma plaine, dans un long tourbillon, nous ramène en Russie, avant l'Italie enjouée de La Romanella où le piano s'affole. Suivent un traditionnel japonais, un air renaissance français, une chanson suédoise, un autre traditionnel français presque déconstruit, avant une berceuse japonaise pour clore le voyage.

Les quatre musiciens s'entendent à merveille pour réinventer ces mélodies anciennes, aussi bien par la richesse des arrangements que par la connivence des impros entremêlées.

Un très beau cédé qu'on pourra écouter en live le 8 février au Sunside. Les privilégiés de Caen, en janvier, ont pu entendre aussi une Danse roumaine de Bartók, un fracassant solo de batterie, une superbe mélodie médiévale extraite du manuscrit de Bayeux, richement enluminée par le quatuor, et aussi un fado plutôt bluesy... De quoi nourrir, déjà, le prochain opus.

Alain Lambert
2 février 2018 2018