Johannes Brahms, Quatuors pour piano et cordes, Pierre Fouchenneret (violon), Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle), Éric Le Sage (piano). « La belle saison », B Records 2017 (2 vol., LBM 011).
Enregistré en concert public, le 5 mars 2017, à la Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais.
Un quarteron de musiciens qui comptent dans le paysage sonore actuel, qui ont joué ensemble, qui jouent ensemble, qui se sont croisés à l’occasion, ont entrepris de réunir leurs pupitres pour travailler et enregistrer en concerts publics la totalité de la musique de chambre de Johannes Brahms : Pierre Fouchenneret (violon), Lise Berthaud (alto), Sarah Nemtanu (violon), François Salque (violoncelle) [qui forment le quatuor Strada], Éric Le Sage (piano), Romain Descharmes (piano), Florent Pujuila (clarinette), Deborah Nemtanu (violon), Adrien Boisseau (alto), Yan Levionnois (violoncelle), Joël Lasry (cor), Shuichi Okada (violon), Sarah Laulan (mezzo-soprano).
Du 8 au 11 juin prochains, en 8 concerts, ils donneront cette intégrale au théâtre des Bouffes du Nord de Paris. Mais nous disposons d’ores et déjà des trois quatuors avec piano (opus 25, 26, 60), les deux premiers composés en 1861, le troisième, peut-être le premier à avoir été ébauché, prêt à l’emploi en 1875, enregistrés lors d’un concert à la magnifique Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais, le 5 mars 2017.
Ce sont là trois œuvres de grande dimension aux somptueuses sonorités, signées des traitements thématiques entêtées du compositeur, de l’influence beethovénienne pour les premières, d'échos schubertiens pour la troisième, pour les trois de l’influence slavophile, par des colorations mélodiques ou des rythmes dansants, mais aussi par la conception orchestrale qui s’éloigne de la musique de chambre concertante renvoyée en elle-même, comme dans des entretiens de salon entre voix égalitaires se répondant les unes aux autres, circulant à l'intérieur de l'œuvre, au profit du (quasi) concerto pour piano, au son plus collectif, projeté frontalement à l'extérieur.
On aime penser que le troisième quatuor, opus 60 en do mineur, exprime l’amour malheureux ou sans lendemain de johannes Brahms pour Clara Schumann (qui fut la pianiste de la création du premier quatuor). Pourquoi ne pas y entendre des évocations de pulsions suicidaires, ou une allusion à Werther, roman de Goethe (qui s’y connaissait en la matière), dans lequel le héros échappe par le suicide à la souffrance d'une passions pour une femme mariée. Pourquoi ne pas entendre « clara clara clara » sur les notes du thème du premier mouvement avant l’entrée d’un second thème repris de Robert Schumann.
Johannes Brahms, Quatuor avec piano opus 25, 4e mouvement, Rondo alla zingarese (extrait), cédé 1, plage 4.
Jean-Marc Warszawski
7 mai 2018
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Lundi 7 Mai, 2018 8:41