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21 avril 2018 —— Jean-Marc Warszawski.

Les suites de Bach et One8 de Cage, les chorals du violoncelliste Julius Berger

Julius Berger (violoncelle), Bach, Cage : Choräle, suites pour violoncelle seul de Johann Sebastian Bach, 3 extraits de One8 de John Cage. Solo musica 2017 (SM 270).

Enregistré à la Christkönigskirche des Regens-Wagner-Stifts, Dillingen, 2016.

Après avoir étudié à l’Académie de musique de München avec Walter Reichardt et Fritz Kiskalt, au Mozarteum de Salzburg avec Antonio Janigro (dont il fut l’assistant dans les années 1980), à l’Université de Cincinnati avec Zara Nelsova, le violoncelliste Julius Berger est nommé, à l’âge de vingt-huit ans, professeur en l’Académie de musique de Würzburg. Il enseigne par la suite à Saarbrücken, Mainz, Augsburg où il dirige, en 1992, une académie d’été au Mozarteum.

Parallèlement il développe une carrière internationale de soliste et chambriste, jouant indifféremment le répertoire ancien et contemporain. Dans une discographie qui compte soixante-dix albums, une place importante est faite aux compositions de Luigi Boccherini, mais des enregistrements sont aussi consacrés à Sofia Goubaïdoulina, John Cage, Robert Schumann, Johann Sebastian Bach, etc.

Il est directeur artistique des journées musicales d’Eckelshausen et du Festival d’Asiago en Italie.

Il participe à de nombreux jurys de concours et en préside certains, il est membre de la fondation Guardini à Berlin, de l’Académie des sciences et de littérature de Mainz. Il est directeur adjoint du Mozarteum d’Augsburg.

Mystique, engagé dans la réflexion sur la foi catholique, il est membre du conseil catholique allemand et a écrit plusieurs articles ou ouvrages relatifs à ces questions.

C’est dans cet état d’esprit qu’il a conçu ce programme : les six suites pour violoncelle seul de Johann Sebastian Bach, ponctuées par 3 extraits de One8 de John Cage. Programme qui a ouvert à Rome les festivités pour la commémoration du cinquième centenaire de la Réforme, organisées au Saint-Siège romain par l’ambassade d’Allemagne.

Pour Julius Berger les suites forment une œuvre mystique, une pensée catholique d’un  protestant, le choral Vom Himmel hoch (Du haut des cieux), n’est-il pas évoqué au début de la première suite ?  Julius Berger donne également une signification théologique à chacune des suites. Bien sûr, la reprise en final (6e suite) du thème d’ouverture (1re suite), et un beau symbole de nouveau début, de renaissance, de résurrection, même si cela est un procédé musical courant, une manière de refermer un cycle.

Ainsi, le violoncelliste rapproche l’œuvre de Johann Sebastian Bach de celle de John Cage. Les deux compositeurs sont ici, selon lui,  dans une même démarche.

En effet, One8, suite de 53 « fragments », de une à quatre voix, pouvant être joués en continu,  a été composé en 1991, à l’intention du violoncelliste Michael Bach (plus une voix sporadique), inventeur d’un archet courbé permettant de jouer à quatre voix au violoncelle. Si cette œuvre est avant tout destinée à explorer les possibilités de l’invention de Michael  Bach, elle est également inspirée par des chorals confiés à la voix. Pour la petite histoire, Cage prévoyait la possibilité de jouer One8 avec sa pièce pour orchestre 108 (1991), devenant one8 and 108.

Au-delà des justifications un peu tirées pas les Évangiles, ces trois cédés sont musicalement une réussite, la théologie revendiquée et annoncée n’affecte pas la polyphonie à une voix des suites de Johann Sebastian Bach, leurs mélodies et leurs danses, et paradoxalement, la suavité qui s’en dégage, soutenue par une sonorité large et profonde. Quant au mariage John Cage – Johann Sebastian Bach, il est des plus heureux, on peut même regretter trop de pudeur dans l’union et la cohabitation.

Peut-être plus intéressant, on sait que la cinquième suite est composée pour un violoncelle à 5 cordes en scordatura (accordage ponctuel inusuel). Que cela ne tienne, Julius Berger joue les 6 suites sur son beau violoncelle à cinq cordes, signé Jan Peter Rombouts (1667-1740) d’Amsterdam. Les parties vocales sont assurées par Immanuel Berger, fils de Julius.

 

Extrait de One8 (Choral Vom Himmel Hoch, Lutrher 1535), et début de la première suite pour violoncelle, plages 1 et extrait de la plage 2.

 

plume 6 Jean-Marc Warszawski
21 avril 2018

 

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Samedi 21 Avril, 2018 4:14