musicologie

Les Bons Voisins Normands pur jus ! : du collectage à la réinvention

Normands pur jus ! Les bons voisins (Manu Savinelli et Guillaume Hugot), chants traditionnels normands. Les Productions Mandragore 2017.

12 février 2018, par Alain Lambert ——

L'histoire du folk en Normandie se résume depuis une bonne quarantaine d'années par la création de Jolie Brise, au projet repris par la Loure il y a vingt ans, association de collectage et de musiciens ayant pour but de redonner vie aux anciennes chansons et airs de danse, d'abord en les conservant en cédés, cinq sur le mode thématique, et plus ou moins réarrangées, plus sept de collectage par pays, de l'Eure au Domfrontais en passant par le Pays de Caux, les marais du Cotentin et du Bessin, le Mortanais, le Bocage Virois, le Cotentin [voir notre chronique].

Une dizaine d'années avant était apparue Magène, association destinée à raviver la langue normande et ses nombreux poèmes d'écrivains mis en musique par Daniel Bourdelès, et finalement devenue aussi le groupe Magène autour de la belle voix de Théo Capelle [voir notre chronique].

Des auditeurs fidèles mais un public moyen en général. Il y a vingt-cinq ans, cinq jeunes caennais créaient Mes souliers sont rouges dédié au folk québécois, ce qui n'est pas une hérésie vu le nombre de Normands partis là-bas pour participer à la création de la Belle Province. Et ces cinq-là ont cassé la baraque et rempli les salles de France et du Québec, y compris le zénith de Caen. Mais l'aventure s'est arrêtée quand Gullivan est parti en solo, et Manu Savinelli pour fonder Le diable dans la fourche, avec succès itou. Ce qui n'a pas empêché les Souliers de s'entrelacer de différentes manières au fil des années, encore bientôt au Big Band Café d'Hérouville le 24 avril prochain pour fêter le quart de siècle.

De ce double courant folk, normand et normano-québécois, est né il y a dix ans Les Bons Voisins, un duo constitué de Manu, déjà nommé, et de Guillaume Hugot, passé lui par OFNI, autre groupe folk normand de la fin du siècle dernier. Et un double répertoire québécois et irlandais.

Pour ce cédé, ils ont eu la bonne idée d'aller puiser dans les trésors de la Loure dix chansons (Marais du Cotentin et du Bessin ou Bocage Virois), de les arranger et jouer avec toutes leurs techniques musicales,  multiples et variées. Pour le premier le chant, le violon, la podorythmie, la mandoline, la guitare, la basse fretless, le banjo, la caisse claire... et pour le second la guitare en open tuning, c'est à dire en accordage différent, et le chant. Un éventail instrumental qui donne à chaque chanson sa couleur, en fonction de son thème, humoristique (L'apothicaire, Marianne...) ou mélancolique (Je me suis engagé, Une fille qui a six amants...) toutes sur le mode sentimental bien sûr, et parfois très imagées (M'en revenant de mon moulin, Branlons les rideaux...), et toutes très réussies.

Un fort joli cédé normand pur jus à déguster sans modération, disponible sur le site www.lesbonsvoisins.org.

En concert à Sepmes (37), le 16 mars, et à Rémalard-en-Perche (61), le 17.

 

 

plume 14 Alain Lambert
12 février 2018

 

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Lundi 12 Février, 2018 14:48