Marco Polo : Carnet des mirages, Le Concert de l'hostel-dieu, Duo Madjoun, Cocteau Mot Lotov. 1001 notes ! (10) 2017.
Arrivé en Chine en 1271, à la cour mongole de khan Qubilai, lors d’un second voyage de son père et de son oncle, de riches marchands vénitiens, il fait alors carrière dans l’administration du Khan, qui préfère employer des étrangers que l’élite autochtone (s'il ne connaît pas le chinois, il maîtrise parfaitement le persan et le mongol). Marco Polo revient à Venise après une ultime mission, en 1295. Trois ans plus tard, il est emprisonné pendant la guerre contre Gênes. Il consacre alors son temps à dicter ses souvenirs, le voyage aller, le séjour, le voyage de retour, à un de ses compagnons lui-même prisonnier des Génois, l’écrivain à la mode Rustichello da Pisa : le Livre de Marco Polo, le Devisement du monde, ou le Livre des merveilles, qui connut rapidement le succès.
Les contemporains, réagirent avec incrédulité aux évocations de tant de merveilles, de diversités humaines, de mœurs étonnantes, de richesses et raffinements des cours princières, de la complexité d’une administration efficace sur d’immenses étendues, ils ont cru à de l’affabulation. Mais avec le temps, les recoupements, une meilleure connaissance de l’Asie, on a fini par admirer le don d’observation et la mémoire de l’employé vénitien du puissant Khan.
En août dernier, le festival 1001 notes (et aussi musique de chambre à Giverny) a ouvert le Devisement du monde de Marco Polo pour dire en musique des extraits du fabuleux voyage d’il y a 750 ans.
L’ensemble de musique ancienne Le concert de l’hostel Dieu (orgue, viole, théorbe, luth), sous la direction de Franck-Emmanuel Comte s’est adjoint le Duo Madjnoun de musique iranienne (tar, chant, percussions) et le slameur Cocteau Mot Lotov.
Au résultat, un très agréable moment musical de charme et de bon goût qui glisse de bout en bout sans accroc, rassemblant trois genres aujourd’hui porteurs : musique ancienne, musique dite du monde (?) et slam.
On peut regretter le choix prudent, limant toute aspérité, d’une succession de beaux numéros de récital, et le caractère trop souvent illustratif, décoratif, de la musique, au détriment d’une conception d’un spectacle cohérent, avec une progression sémantique (il n’y a pas grande logique dans la succession des textes) et dramatique, et une plus grande fusion ou intégration musicale, plutôt que la juxtaposition.
Franck-Emmanuel Comte (orgue, arrangements et direction), Lionel Lerch, alias Cocteau Mot Lotov (slam, adaptation du Livre des Merveilles et écriture), Nolwenn Le Guern (viole, violone, rebab), Nicolas Muzy (théorbe, luth, guitare), Navid Abbassi (tar, chant), David Bruley (percussions).
Jean-Marc Warszawski
7 février 2018
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Mercredi 7 Mars, 2018 1:42