Händel, Water music & Royal Fireworks, La Simphonie du Marais, sous la direction d'Hugo Reyne. Musiques à la Chabotterie 2017 (605017).
Hugo Reyne flûtiste à bec fin et hautboïste baroqué a bourlingué dans l’avant-garde dix-septiémiste aux côtés des Jordi Savall, Willim Christie, Frans Brüggens et consorts, a fait treize années d’Arts florissants, et parallèlement a fondé en 1987 l’ensemble La Simphonie du Marais. En 2004, La Simphonie quitte le Marais parisien pour le marais poitevin, où il réside au logis de la Chabotterie.
Pour ses trente ans, l’ensemble (et son chef) nous offre avec son quarante-quatrième album les trois suites de la Water Music (qui fête quant à elle son tricentenaire) et celle de la Music for the Royal Fireworks, les célèbres œuvres de Georg Friedrich Händel.
Les deux premières suites de la Water Music auraient été composées pour un trajet nautique festif du roi George Ier, sur la Tamise, entre Whitehall et Chelsea, le 17 7 1717 (la magie des nombres en plus). Un bateau avec 50 musiciens aurait accompagné la majestueuse majesté. Soucieux des finances de la couronne, Hugo Reine en a convoqué 27. La troisième suite a été éditée en 1736.
Hugo Reyne justifie cet enregistrement par une lecture personnelle de la partition, notamment pour des nuances qui lui semblent s’imposer, mais qui jusque là n’en ont imposé à personne. Certainement avait-il aussi envie de faire la fête, et réorganise les trois suites en une seule longue suite, en chamboulant l’ordre des numéros, mais on commence tout de même en ouverture de la 1re suite et on finit bourrée.
La Music for the Royal Fireworks quant à elle été composée en 1749, sous le second roi George, pour les festivités marquant le (2e) traité de paix d’Aix-la-Chapelle réglant la succession du pouvoir en Autriche, et permettant collatéralement à l’Angleterre de continuer à envoyer un vaisseau chaque année dans les colonies espagnoles. Mais surtout, pratiquement tous les princes des grandes nations européennes étaient familialement liés, c'est donc une grand réconciliation familiale qu'on fête aussi en France. C’est une drôle d’idée, celle de commander une musique devant être couverte par les pétarades des fusées, sans attendre l’invention de puissantes sonorisations. On a surmonté le problème en réunissant cent musiciens, et en mettant le paquet sur les vents et les percussions. Mais le bon roi George II voyant la facture passer, congédia 20 pupitres de cordes.
Là encore les parties de la suite ont été interverties par rapport à la tradition, et le contexte des feux d’artifice n’a pas été restitué.
La Simphonie du marais de la Tamise en ouverture, une improvisation de clapotis et de cris d’oiseaux, évoque plus le littoral maritime que les bords de la Tamise. Tout ne peut être parfait.
Jean-Marc Warszawski
12 décembre 2018
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