Brahms, sonates et trio pour clarinette, Pascal Moraguès (clarinette), Frank Braley (piano), Christian Poltéra (violoncelle). Indésens 2018 (INDE 111).
Enregistré à Mons (Belgique), les 11-14 septembre 2017.
En 1890, Johannes Brahms décide de poser la plume et de ranger son papier réglé. Il annonce à son éditeur Simrockn que son quintette à cordes en sol majeur, opus 111, sera sa dernière œuvre. Mais la rencontre, l’année suivante, avec Richard Mühlfeld (1806-1907), au cours d’un séjour à Meiningen, en mars 1891, met un terme à sa retraite.
Né dans une famille de musiciens, Richard Mühlfeld est violoniste et clarinettiste. Il est engagé en 1873 en tant que violoniste de pupitre dans l’orchestre de Saxe-Meiningen, avec lequel Brahms a collaboré pendant plusieurs années. Six ans plus tard, il est promu premier clarinettiste et gagne une renommée en général réservée en général aux pianistes et aux violonistes. Séduit grâce à lui par « Mademoiselle clarinette », Brahms compose à son intention, au cours de l’été, le trio opus 14 et le quintette opus 115, qu’ils créent à Berlin le 12 décembre, Brahms au piano, avec Robert Hausmann pour le trio, et le Quatuor Joachim pour le quintette.
En 1894, Brahms ajoute les deux sonates opus 120, qu’ils créent à Vienne le 7 janvier 1895, avant de partir en tournée. Brahms légua à Mühlfeld les droits d’interprétation, les honoraires de leurs concerts communs et les manuscrits après leur publication. Ces œuvres permirent au clarinettiste d’étendre sa renommée bien au-delà des frontières.
On aime entendre dans ces œuvres une sorte de crépuscule serein, un adieu paisible au monde que Brahms ne tardera pas à quitter en 1897. Il est vrai que les belles mélodies semblent parfois élégiaques (entrée de violoncelle du trio), nostalgiques, voire nimbées de tristesse amoureuse (Andante poco adagio de la 1re sonate), mais les épisodes guillerets, les valses de Vienne et les effluves magyars, où la clarinette accentue le sentiment populaire, ne sont pas absents. Peut-être encore, les thèmes ne trouvant pas à se résoudre par le développement et tournant sur eux-mêmes, le temps semble y être ralenti dans un clair-obscur suspendu, mais pas immobile.
Une solide équipe bien assortie nous offre le plaisir de ces œuvres : le clarinettiste Pascal Moraguès, premier soliste de l’orchestre de Paris, professeur au Conservatoire national supérieur, à la dense carrière internationale et une nombreuse discographie dans ses bagages, le pianiste Frank Braley, qui a cru un moment qu’il serait scientifique, mais se trompant de porte, il empocha ses Prix au Conservatoire national supérieur de Paris avant d’emporter « le Reine Élisabeth », concours belge qui le propulse dès 1991 sur les scènes de nombreux pays. Le violoncelliste Christian Poltéra vient de Suisse où il a étudié avant lui aussi, de se frotter aux grands orchestres et partenaires de choix aux quatre coins des continents.
Jean-Marc Warszawski
9 décembre 2018
1-4. Trio, upus 114 ; 5-8. Sonate opus 120, no 2 ; Sonate opus 120, no 1.
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Mercredi 9 Décembre, 2020