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24 octobre 2048 —— Alain Lambert.

Jazz et classique en quatre cédés

Il y a plusieurs façon pour les jazzmen de se frotter au classique, à commencer par la reprise des thèmes à réarranger et improviser, comme font Violaine Cochard et Edouard Ferlet dans Plucked-n-Dance, en entremêlant piano et clavecin. Donc aussi par l'instrumentation, ou les compositions et les arrangements comme chez La&Ca, Se souvenir des belles choses, Khalil Chahine, Kafé Groppi, ou encore Fiona Monbet, Contrebande.

Plucked-n-Dance Avec Plucked-n-Dance (Alpha 2018), le duo piano-clavecin d'Edourad Ferlet et Violaine Cochard en est déjà à son 2e opus. Après avoir réinterprété Bach en 2015, ils continuent en piochant du baroque à Bartók, en passant par Rameau, Purcell, Moussorski ou Satie, et d'autres airs de danse. Plus quelques compositions originales du pianiste (Ombre d'or, Qui-vive, Valse blanche) qui a aussi recomposé tous les autres titres, bien sûr transformés en Bartók'n'Roll ou L.es cinq sauvages ou Danse de profil. Mais chacun y reconnaîtra les siens. Le piano est plus prolifique et le clavecin plus rythmique ou répétitif mais les deux se complètent joyeusement, apportant une nouvelle dimension à ces œuvres classées classiques et plus ou moins figées dans leur grand âge. En final, Oppidum, d'après Moussorsky, après une longue intro percussive, prolonge Emerson Lake et Palmer, version acoustique.

À écouter en live à Paris au Café de la danse le 9 novembre et à Metz le 11 décembre.

 

 

Se souvenir des belles chosesSe souvenir des belles choses (Inouïe Distribution 2018). La&Ca signifie « là-bas et ici » en portugais,  puisque Audrey Podini, violoncelliste et compositrice, Camille Thouvenot, pianiste et compositeur, et Isaias « Zaza » Desiderio, batteur et percussionniste, se sont rencontré à Rio de Janeiro fin 2012. Avant de revenir en France jouer en trio puis de s'adjoindre en 2015 le clarinettiste et compositeur Vincent Périer.  Violoncelle, piano, clarinette et percussions, l'instrumentation ici, si elle n'est pas classique en jazz, l'est justement, et les compositions des différents musiciens en tiennent bien compte, louvoyant entre jazz et classique dès le premier thème, éponyme, de la violoncelliste, qui commence en crachant comme un ancien vinyle. En ajoutant parfois du synthétiseur moog (Couleurs d'automne, Anitcha) la musique, parfois un brin romantique, s'électrise et devient plus rock.  Un cocktail bien réussi.

À écouter en live à Lyon les 2 et  3 novembre, et à Rocles (Allier) le 9 mars.

 

 

Kafé Groppi Kafé Groppi (Turkhoise/Socadisc 2018) ou le retour de la guitare poétique de Khalil Chahine au fond d'un vieux café cosmopolite du Caire où les musiques se croisaient, comme les gens dont ses compositions tissent les portraits incertains. Entouré d'André Ceccarelli à la batterie, Kevin Reveyrand à la basse, Christophe Cravero au piano et Éric Seva aux saxophones, il fait aussi intervenir sur quelques titres la viole d'amour ou le violon de Jasser Haj Youssef, le cor anglais de Jean Pierre Arnaud, ou la jeune Analuna au violon sur un titre. Le cédé commence par une ritournelle pop fortement répétitive, en fait la seconde partie (Le jour/Omaha) du morceau final (Le jour/La lettre) très acoustique, invitant à un éternel recommencement. Mais pourquoi ne pas  réécouter et redécouvrir ce bel album, où les contrastes se font en douceur, en passant de l'arrangement bien classique de Avant l'abstract au frappement lourd de batterie de Synoptik ouvrant à l'orient puis au jazz et au rock.

À écouter en live le 12 décembre à Paris au Studio de l'Ermitage.

 

ContrebandeAvec Contrebande (Crescendo 2018 – sortie le 26 octobre) la violoniste Fiona Monbet s'approche du trio à cordes avec Damien Varaillon à la contrebasse et Antoine Boyer à la guitare, que l'on connaît pour son duo avec Samuelito [voir notre chronique], auquel elle associe l'accordéon de Pierre Cussac. Toutes les musiques acoustiques sont évoquées ici, tango à la Piazzola sous la plume de l'accordéoniste ou du guitariste (Astoria, Tango), le Gershwin de l'opéra Porgy and Bess, la Valse un peu manouche de la violoniste, la musique irlandaise mêlée à l'andalouse (Irlandalou), la Brésilienne avec un thème de Jobim et quelques autres ballades et chansons (« A » Song, Melissande...). Les arrangements élégants aussi se jouent à la  frontière du quatuor, mais en laissant la place à de belles improvisations énergiques et aériennes. La violoniste termine en solo par L'aveu, un hommage à Didier Loockwood, disparu trop tôt. Mais la relève est assurée.

À écouter en live au Café de la danse à Paris le 24 novembre, puis le 27 décembre au Touquet-Paris-Plage.

 

 

plume 14 Alain Lambert
24 octobre 2018

 

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Mercredi 24 Octobre, 2018 4:13