La scène de la Renaissance ressemble toujours à une boîte à chansons de Québec ou Montréal, avec juste une guitare, un siège, une table et une bouteille. Plus un micro sur pied derrière car il chante assis et conte debout, Fred Pellerin. Et des cordes de cloches, car le clocher et le curé ont un rôle important.
C'est la troisième fois qu'il vient ici, « chez toi, Mondeville », pour un public toujours conquis. Tout droit revenu de son village de Saint-Élie de Caxton, en Mauricie, au Québec, pour une suite d'histoires drolatiques tirées des archives perdues (les trois premières pages arrachées du grand registre en plusieurs tomes sous la voûte de la maison municipale) de la première journée de la fondation au milieu du xixe, recueillies de la bouche de la grand-mère du « conférencier », qui, en rigolant de son rire communicatif, ne se dit plus conteur.
La belle Lurette est encore là, qui toujours pleure à la distribution du courrier d'Aliche la postière pas encore posthume, et Méo et Toussaint et tous les autres... Tous ceux qui ont donné une vache à la veuve vive, et une fille aussi. Et ça pogne, ça croche, ça sacre, avec même un « ressuscitage »... mais à vous d'aller écouter la suite de ce coup de dés qui abolit le hasard et sauva tout un village.
L'art du conteur, le vrai, c'est aussi la musique de sa langue, cousine de nos patois, qui nous tient en haleine, malgré tous les détours incroyables, et nous ramène au temps perdu, mais pas si lointain des veillées de village, que des vieux chansonniers dans les années soixante-dix perpétuaient encore « tcheu » nous comme Guy Lescalier ou le Père Madeleine. Car c'est un humour de village qu'il fait revivre, différent de celui de nos humoristes des villes d'aujourd'hui, avec vraiment sa musique particulière, et intemporelle quand il mélange les époques.
En bonus, pour ajouter en poésie, celle de sa guitare et de ses chansons, complètement intégrées à la trame du spectacle, dans une tradition héritée de Félix Leclerc, Guy Béart, Gilles Vigneault ou Michel Rivard. Comme Gens du vieux rêve qu'on retrouve sur son disque Plus tard qu'on pense.
Fred Pellerin sera à Rennes le 13 avril et le 5 juin à Pully en Suisse.
Encore à la Renaissance, Le petit chaperon rouge, revu par le Toutito Teatro le 16 avril, David Krakauer le néo-klezmer le 15 mai, puis les spectacles de rue des Plateaux Éphémères les 26 et 27 mai, juste devant.
Alain Lambert
5 avril 2018
Alain Lambert : alain@musicologie.org : Verona et Misja Fitzgerald-Michel Unlimited Songs ou Chansons sans limites... — Compagnie Chute Libre, In Bloom : un sacre « hip hop » du printemps ! — Simon Martineau, « One », Winsberg, Sourisse et Charlier, « Tales From Michael », Rémy Gauche, « Obscurity Of Light » trois cédés avec guitaristes — Christophe Monniot et le PanOrchestre et Fred Nardin trio, un riche week-end Focus Jazz — Carmen(s) de José Montalvo : les Carmen dansent rouge ! Plus sur Alain Lambert, tous ses articles.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil ☎ 06 06 61 73 41
ISNN 2269-9910
© musicologie.org 2017
Lundi 9 Avril, 2018 0:19