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Mondeville, 27 mars 2018 —— Alain Lambert.

Compagnie Chute Libre, In Bloom : un sacre « hip hop » du printemps !

Compagnie Chute LIbre, In Bloom. Photographie © Stéphane Tasse et Nathalie Nomary.Compagnie Chute LIbre, In Bloom. Photographie © Stéphane Tasse et Nathalie Nomary.

In Bloom, en pleine floraison ? Mais de quoi ? Une scène nue avec une table, un grand lustre, dans la pénombre, des projecteurs éteints mais sur pied, comme d'immenses fleurs sombres, et une dizaine d'hommes et de femmes de toutes les couleurs. On ne sait pas si on est dans un squat ou un asile, vu le rire strident qui s'échappe un moment sur fond de nappes de synthés, et ça dure un petit moment.

Jusqu'à ce que l'ouverture du Sacre, conduit par Boulez retentisse, et tout change, la danse prend forme, même si elle reste informelle, les danseurs s'agrégeant, se désagrégeant en figures individuées, et deux ressortent, la jeune femme tout en vert dont on comprend assez vite qu'elle est l'élue, et un grand black baraqué mais dont les mouvements désarticulés font penser à Valentin le désossé du temps de Toulouse Lautrec et de la Goulue, une autre époque de la danse urbaine. Ce qui n'empêche pas les autres d'intervenir chacun leur tour et chacun leur style, puis de se regrouper dans les moments plus rythmiques, tout en déplaçant les projecteurs pour créer un nouveau décor et mettre plus ou moins en lumière tel ou tel espace.

Par exemple entre les deux parties où, disposés en rangée face à nous, ils délimitent une zone lumineuse devant et d'obscurité derrière, dans laquelle se fondent les danseurs.  Le temps d'un intermède de musique synthétique accompagné de la voix de Léonard Bernstein s'interrogeant sur  la difficulté à jouer le Sacre,  pendant lequel on comprend que l'élue nous offre sa danse sacrale, un chouette solo, juste avant son sacrifice. Puisque dans l'esprit des chorégraphes, Pierre Bolo et Annabelle Loiseau, durant la seconde partie, elle est déjà morte, et pas seulement à la fin où on la retrouve immobile et quasiment crucifiée à un projecteur, alors que les autres n'arrêtent pas de vivre et de danser. En fait l'interrogation de Bernstein sur le Sacre recoupe celle des chorégraphes hip-hop, habitués aux musiques binaires et confrontés ici aux rythmes asymétriques de Stravinsky.

Mais, à part l'intro un peu décousue, le pari est réussi, réinventer après tant d'autres ce chamanisme ancestral insufflé par le génie du compositeur, et de Nijinski, dans notre modernité.

Encore le 31 mai à Mayenne et le 11 octobre à Fouesnant.

À la Renaissance Fred Pellerin revient reconter et rechanter son village québécois le 5 avril puis David Krakauer viendra jouer son klezmer le 15 mai.

plume 14 Alain Lambert
27 mars 2018


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