Zac Harmon Blues Band, à la Nuit du Blues 2017 de Caen. Photographie © Christian Mariette.
En fait, je n'avais pas remis les pieds ici depuis la toute fin du siècle dernier, d'abord pour un superbe concert d'Elliot Murphy puis de Calvin Russel, le premier en duo avec Olivier Durand, et le second en trio. Sans batterie donc, idéal dans cette salle où dès que c'est un peu fort, le son part en vrille. Ensuite un peu plus tard, la Nuit du blues où j'avais fui le concert de Tony Castro. Dommage, ça avait l'air pas mal.
Mais si on a changé de siècle, le Zénith c'est toujours pareil, une grande salle pour voir les stars et boire de la bière, mais l'acoustique est moyenne, malgré les grands-voiles sombres pour amortir la réverbération. Surtout quand les zicos demandent de pousser les potards, alors qu'il faudrait les baisser au contraire. C'est bien simple, la boite noire à décibels a la taille d'une boite d'allumettes, on ne voit pas quand ça dépasse la limite....
Bref, les deux premiers groupes, ça passe, sauf parfois l'harmonica qui sature. Le régional de l'étape d'abord, les Barnguys, avec Alexandre Lesueur au chant et clavier, une bonne présence et une chouette voix, Didier Fleury, le pur bluesman, et Laurent Choubrac aux guitares, Marc Mitou à la batterie,Thierry Thomas à la basse. Du rock blues un peu pop, un peu soul, mais bien carré, et de bons solos. Le morceau façon Rolling Stones a des tripes...
The Barnguys, à la Nuit du Blues 2017 de Caen. Photographie © Christian Mariette.
Awek, déjà entendu au Bougy Blues Festival, et toujours aussi bon, Stéphane Bertolino à l'harmonica, Joël Ferron à la basse et Olivier Trebel à la batterie, menés par Bernard Sellam aux deux guitares et au chant. Avec en invité Nicolas Duportal, une autre pointure dans les mêmes cordes, métal et vocales. En mêlant leurs deux répertoires, tous les styles sont invoqués, et ça groove un max, même dans le blues rigolo en français, façon cajun. Tout contents de passer dans cette salle, alors que dans leur ville, à Toulouse, ça n'est pas encore arrivé. Pourtant, ils tiennent bien la route, depuis plus de vingt ans, et se bonifient comme le bon vent.
Pour le final, une fois bien réglés les bouchons d'oreille récupérés auprès du bénévole de la Croix-Rouge, je peux apprécier le gros son de Zac Harmon et de ses musiciens : Chris Gipson à la basse, Corey Carmichael aux piano et orgue, Ralph Forrest à la batterie et Texas Slim à l'autre guitare. Le Chicago Blues façon Mississippi, car Zac vient de Jackson, et ça s'entend.
Awek, à la Nuit du Blues 2017 de Caen. Photographie © Christian Mariette.
Les premiers morceaux s'enchaînent, sans pause, à l'américaine. Jusqu'au blues lent, avec son solo époustouflant. Ensuite, il intercale des discours sur l'amour, comme une sorte de prêcheur un peu décalé. Mais comme l'a remarqué Christian Mariette qui mitraille devant, il n'a plus sa courroie de guitare ornée d'une croix, visible sur l'affiche. Il joue et chante comme il parle, naturellement, en variant les styles. Les morceaux s'allongent, avec ces riffs groovy et puissants qui tournent en boucle et montent en pression. Un peu systématique vers la fin. À noter une belle version, dédiée au public français, de Knockin On Heavens Door du dernier prix Nobel de littérature. C'est pas tous les jours.
Mis à part le son de la salle, une belle nuit du blues étoilée, malgré les nuages et la pluie.
Alain Lambert
14 mai 2017
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Mercredi 22 Novembre, 2023