musicologie
22 juillet 2017, par Jean-Marc Warszawski ——

Un double cédé Prokofiev, pour les vingt ans de la disparition de Sviatoslav Richter

Richter

Prokofiev, Musical Friendschip, Sviatoslav Richter (piano), enregistements public, Tokyo, 1980-1981. Divox 2017 (CDX 25252/3-2).

Enregistré en décembre 1980 et juin 1981,Salle Bunka Kaikan, Tokyo.

En 1960 le monde occidental, comme on disait par opposition au bloc soviétique, est sidéré par les récitals que Sviatoslav Richter donne en Finlande, aux États-Unis, en Angleterre, ou en France. Il devient instantanément un mythe, personne n'avait entendu un tel jeu, ni une telle variété dans le répertoire, ni un tel artiste qui semblait ne vivre que devant son piano et par son piano. Il fuit les journalistes, ne fréquente pas les studios d'enregistrement, aime les petits lieux de concerts, voyage en train six mois à travers la Sibérie et son piano, y donne environ 150 récitals dans des lieux inhabituels aux concertistes. En France il a créé en 1964, le festival de la grange de Meslay, près de Tours.

En 1940, il entend Prokofiev jouer sa 6e sonate pour piano devant un cercle de collègues. Quelques mois plus tard, il l'a met à son répertoire pour un concert commun avec son professeur Heinrich Neuhaus. Pour le cinquantième anniversaire du compositeur, il joue ses 6e, 7e et 8e sonates. Prokofiev lui dédie une 9e sonate en 1949. Richter la crée en 1951, le jour des soixante-cinq ans du compositeur, déjà malade, qui suit le concert par téléphone depuis son lit d'hôpital. Prokofiev meurt en 1953, mettant un terme à treize années d'amitié avec Sviatoslav Richter, et laissant à l'état de projet deux autres sonates pour piano.

Sviatoslav Richter a très peu enregistré, mais ses concerts ont été abondamment enregistrés par des amateurs ou des équipes de plateau. Ces enregistrements ont beaucoup circulé, ils ont été repiqués sur des disques, ce qui explique la foisonnante discographie du pianiste.

Pour  le 20e anniversaire de la disparition du pianiste (1er août 1997), Divox propose un double album consacré à ses interprétations d'œuvres de Prokofiev, dont les 6e et 9e sonates, à partir d'enregistrements réalisés avec une platine minicassette au cours d'une tournée Japon, en 1980-1981, à Tokyo, par l'équipe Yamaha, dont Richter affectionnait les pianos. Objet destiné aux amateurs et mélomanes curieux, plus qu'aux amoureux de la pureté sonore.

Selon le livret, Richter aurait lui-même recommandé la publication de ces enregistrements en 1989, et rédigé des notes relatives à l'ordre des plages. Sergeï Prokofiev, Visions fugitives, opus 22, no 4, « animato » (Cédé 2, plage 3), par Sviatoslav Richter.


CD 1 : 1-4. Sonate no 6, opus 82 ; 5-8. Sonate no 9, opus 103 ; 9-13. Pièces du ballet Ciderella.

CD 2 : 1. Légende, opus 12, no 6 ;  2-11. Visions fugitives, opus 22, nos 3-6, 8, 9, 11, 14, 15 ; 12-19, Pièces des opus 4, 32, 52, 59, 62, 96.

Jean-Marc Warszawski
22 juillet 2017
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