SuPerDoG : Fred Gardette (sax baryton), Guillame Nuss (trombone), Florent Briqué (trompette), Christophe Telbian (batterie) , L'oreil en friche 2017.
Un trompette ou bugle, un trombone, un sax baryton et un batteur, un brass band minimal donc, voilà les nouveaux troubadours qui s'infiltrent dans la cour du Roi Pourpre, comme l'avait tenté déjà il y a cinq ans Mederic Collignon avec son groupe électro jazz accompagné d'un quatuor à cordes pour À la recherche du roi frippé.
Comme Robert Fripp, le guitariste enluminé qui accompagne l'histoire d'un groupe à géométrie variable, King Crimson, et pour simplifier deux grandes périodes. L'une, de 1969 à 1974, avec le flutiste saxophoniste, Ian McDonald — coauteur de trois des titres repris ici— qui s'impose dès le premier morceau du premier album : 21st century schizoïd man, au son d'un sax hérissé sonnant aussi free que la guitare frippée. L'autre sans sax, ou presque, de 1981 à nos jours.
Ce cédé singulier, titré comme l'originel, débute pareil, histoire de fonder sa légitimité cuivrée dans cet univers purpurin, en revisitant quatre thèmes de la première période et cinq de la seconde. Un bon équilibre. Et comme toute recréation jazz à partir de chansons de Broadway ou d'ailleurs, il ne faut pas chercher à retrouver forcément l'original.
Mais simplement se laisser porter dans cette réinvention des mélodies, des timbres, des matières, des couleurs, des rythmes, quand ça fonctionne. Et c'est le cas ici, grâce aux arrangements de Florent Briqué, le trompettiste, de Guillaume Nuss, le tromboniste sur Elephant talk.
Vroom Vroom fait d'abord chauffer les moteurs, puis le thème surgit tout rutilant, avant de reviser les soupapes du baryton et le bon coulissage du trombone. Quant aux pistons, pas de problème. Puis le sax de Fred Gardette part en roue libre, essayant de freiner pour retrouver sa troupe et repartir en quadruple vitesse.
Une pause, le temps de parler au vent, qui friselise les cymbales, et finalement laisse la trompette exposer I talk to the wind avant d'enfler en souffles divers, singuliers ou emmêlés.
Mais attention en redémarrant, Dangerous curves à l'horizon, et la batterie de Christophe Telbian s'emballe, au risque de ne pouvoir éviter l'éléphant qui traverse en se dandinant, dansant presque.
Autre pause, Sex sleep eat drink dream tout un programme bien chaloupé en effet, qui se pratique à deux, trois ou quatre.
Après The power to believe, percussif et persuasif, retour aux Indoor games — jeux de mains, jeux de quatrain — où miroite le trio de cuivre au fil des syncopes. De quoi faire rêver l'enfant Moonchild qui chuchote une étrange berceuse. En souvenir de la pochette du premier album.
Une aventure musicale surprenante, très frippienne dans l'esprit cependant, et qui mérite le détour.
On peut écouter Vroom Vroom ici.
En live à Paris au New Morning le 5 avril avant une tournée en Chine, Taiwan, Thaïlande fin mai début juin.
Alain Lambert
2 février 2017
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Vendredi 20 Septembre, 2024