Sébastien Llinares (guitare), Erik Satie, Gnossiennes, Gymnopédies, Parade & Others pieces. Paraty 2017
« Du coin de la main » et « Du haut de la pensée » comme l'indiquait le compositeur sur ses partitions, c'est ce que l'on éprouve, avec plaisir, à savourer ces transcriptions pour guitare qui semblent une évidence. Y gagnant parfois une dimension de musique populaire ou de limonaire dans des pièces comme Espanana ou Je te veux ou Passer (seconde Danse de travers) ou Caresse, intercalées ou encadrant les Gymnopédies, la douloureuse, la lente, la grave, dans leur résonance existentielle.
Le guitariste, qui n'a ni transcrit ni arrangé, dit-il « à proprement parler », mais simplement joué cette « musique belle sur le papier », s'est même permis de nous offrir Parade pour deux guitares, une autre façon de l'entendre loin de l'orchestre et de ses accessoires. « La guitare envoûte avec peu de matière » selon lui, et il n'a pas tort. D'autant que l'enregistrement est excellent, ce qui n'est pas toujours le cas de ceux avec piano.
Le disque débute par les six Gnossiennes dont le caractère hypnotique et immobile, selon Jankélévitch, est propre au « temps gnossien », enroulé sur lui-même tout en restant en suspend, comme ces mobiles qui girent en donnant l'impression d'un mouvement perpétuel.
Modestement, extrait des Airs à faire fuir, clôt le cédé en donnant au contraire l'envie de le réécouter. De retrouver ce temps immobile propice à la rêverie enchantée.
Alain Lambert
4 avril 2017
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