Au niveau musique, c'est plutôt réussi le décalage avec ces acteurs tout autant chanteurs et musiciens se réunissant soudain en orphéon cuivré et bariolé, avec contrebasse, violoncelle, piano raccourci et guitare en prime. Toutes et tous ont de belles voix, bien mises en valeur par les arrangements baroques ou jazzés, sophistiqués ou minimalistes, et par les choeurs, les duos et trios, le chant de Pluton rendu caverneux à travers la clarinette basse... Et l'annonce par la messagère de la mort d'Eudidyce est sans doute un des plus poignants entendu, quand Orphée se précipite pour lui fermer la bouche, et qu'elle continue, dans un hoquet, à regret.
Au niveau théâtre, c'est plus bancal, avec des moments désopilants dans le décalage, quand la Mère d'Orphée (?) se retrouve confrontée à ses autres fils, Dyonisos le buveur, Amour l'égocentré ou Pan l'écorché vif déambulant sur la pointe des pieds dans une “démarche débile” digne des Monty Python. Ou quand Charon discute avec Cerbère de la vie quotidienne aux enfers, avec une scène verticale digne d'Escher. Mais aussi un début laborieux. Comme le discours sur les larmes préludant au dernier acte, le retour d'Orphée des Enfers, trop retardé et raccourci par tous ces préambules. Il suffirait de les réduire, tout en gardant leur saveur, pour trouver le bon équilibre entre théâtre et musical.
A venir dès la rentrée, Alcione, de Marin Marais mis en scène par Louise Moaty et mené à la baguette par Jordi Savall les 11 et 12 janvier.
Vader, de Peeping Tom, de la danse belge et introspective les 16 et 17 janvier.
Alain Lambert
20 décembre 2017
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