Hurdy Gurdy, # Myst, Laurence Bourdin, vielle à roue contemporaine. Le Grain de son 2017.
L'an passé, an pour an, la vielleuse Laurence Bourdin s'est longuement exprimée, dans un dossier publié dans la seizième livraison de la belle revue « musique, images, instruments », à propos de la vision musicalement contemporaine qu'elle a de son instrument (Hurdy Gurdy en anglais). Dans le livret indigent de ce cédé quant à lui d'une belle et généreuse densité, elle remarque que son instrument, blanchi par un millénaire d'histoire profane, sacrée, populaire, savante, est un instrument secret.
Il nous semble au contraire bien connu et documenté, aujourd'hui très connoté « anti-modernité », coincé entre un folklore quelque peu artificiel et une pseudo reconstitution des temps médiévaux (il est une image symbolique de la pastorale, de la mendicité, de la rusticité depuis le 18e siècle), bien qu'aux mains de virtuoses comme Matthias Loibner, ou électrifié sur les scènes rock, il a d'immenses ressources sonores et expressives, aussi bien qu'en accompagnement.
En fait Laurence Bourdin aime le mystère et nous le fait entendre dans des œuvres à la technique radicalement moderniste de musique concrète avec électronique enregistrée ou en temps réel. Elle puise dit-elle, son inspiration dans Lieux mystérieux en Auvergne (Éditions Ouest-France), un livre de Corinne Pradier, avec des photographies de Vincent Jolfre, paru en 2011.
Le titre Myst nous évoque plutôt un magnifique jeu vidéo des années 1990, avec des paysages et des constructions tenant à la fois de la science-fiction et de technologies primitives, engrenages, roues, leviers, ponts de cordes, habitations aériennes étonnantes et désertées se mariant aux falaises ou à la cime des arbres, et bien entendu, pour le visiteur, un parcours initiatique pour briser le secret ultime d'un livre. Laurence Bourdin en propose une parfaite bande-son, avec ses bourdons, froissements, cliquetis, grincements, chants d'oiseaux, draperies, qu'on peut identifier et tous les autres aussi inouïs que le monde de Myst est inconnu.
Pas seulement. La Vielle est l'instrument du lieu, peut-être y a-t-elle été inventée, après la roue et la manivelle, en un assemblage sophistiqué d'éléments simples et naturels.
Pour les amoureux des paysages auvergnats, ses lieux mystérieux et croyances en l'invisible, pour les amoureux de Myst le jeu surnaturel, de beaux paysages sonores poétiques réussis pour tous les rêves à réussir pour qui n'est ni Auvergne ni Myst.
La compagnie Grain de son a commandé à cinq compositeurs ces œuvres pour vielle à roue et électronique, créées en public dès 2015, elles sont également intégrées à un spectacle multimédia.
1. Pierre-Alain Jaffrennou, Locus Terribilis.
2. Christophe Havel, My(s)t.
3. Xavier Garcia et Laurence Bourdin, La bête.
4. Pascale Jakubowski, Incantation.
5. Jean-Michel Bossini, Tellurique.
Jean-Marc Warszawski
20 novembre 2017
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.
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Mercredi 15 Novembre, 2023