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Théâtre de Caen, 14 janvier 2017, par Alain Lambert ——

Les Siècles, François Xavier Roth « Mille et une nuits » : un hommage à l'Orient

Les Siècles. Photographie © D. R.

L'Orient des contes et des conteurs, des rythmes et des couleurs. L'imaginaire enrichit par le voyage, réel ou inventé. Un double thème pour ce programme de musique française à la charnière des deux derniers siècles.

Quand nous colonisions l'Algérie, avec l'aval de Tocqueville — lui si clairvoyant par ailleurs, et dont on inaugurait ce même jour une belle bibliothèque à son nom sur le port de Caen — qui affirmait en 1841, au nom du droit de la guerre :

J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. Et, s'il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d'Europe...

François Xavier Roth veut, au contraire, rendre hommage à l'apport de l'Autre, y compris en musique, nous a-t-il expliqué à la fin du concert. Mon voisin de derrière a dit « D'accord ! »  d'un ton pincé et n'a pas applaudi. Et pourtant il avait fort apprécié ce programme bien français.

Avec raison, un joli concert mêlant  des œuvres oubliées aux plus connues : La Shéhérazade de Ravel, en ouverture, avec toute sa collection de timbres et de rythmes miroités par ce grand orchestre, toujours aussi remarquable depuis le Sacre du Printemps entendu ici en 2013, entre  velouté et rutilant, mais dont la retenue tout en nuances permet aux plus infimes sonorités d'exister et de cohabiter avec les plus puissantes, dans une superbe stéréophonie que les instruments d'époque rendent sans doute plus sensible.

Le Concerto pour piano de Saint-Saëns, dit l'Égyptien en hommage au batelier du Nil qui lui a soufflé en chantant le thème du second mouvement, et clôt en plus par une envoûtante habanera un peu arabo-andalouse, est une merveille sur cet antique instrument qui sonne parfois comme un piano mécanique de ragtime, sous les doigts prestes de Jean Philippe Collard

En deuxième partie, La Peri de Paul Dukas, pour les Ballets Russes en 1912, et des extraits du ballet Namouna d'Édouard Lalo, œuvres que l'on n'entend plus mais qui furent reconnues en leur temps comme novatrices. Debussy dut même défendre, en 1882, la seconde contre les sifflets du public. Et pour clore, la « Bacchanale » de Samson et Dalila de Saint-Saëns, aux castagnettes  et timbales survoltées.

À réentendre à Annecy le 17 janvier et le 20 mai à la Philharmonie de Paris.

Alain Lambert
14 janvier 2017
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