Bérenger Hainaut, Le style Black Metal, « Musiques populaires actuelles / amplifiées », Éditions Ædam Musicæ 2017 [376 p. ; ISBN 978-2-919046-21-8 ; 30 €)
Le style black metal ? Mais si ! Beaucoup de bruit autour des excès de la mouvance norvégienne dominante au début des années 90, avec paroles sataniques, automutilations sur scène, incendies d'églises, suicide de l'un, crime de l'autre par un troisième... puis interdictions et arrestations en série. Ce qui n'empêcha pas l'extension de ce mouvement musical au-delà des frontières (dont une bonne cinquantaine de groupes en France répertoriés sur Internet), et même sa reconnaissance diplomatique ultérieure, « le genre ayant gagné en respectabilité » selon un directeur du ministère des Affaires étrangères norvégiennes en 2011, et pouvant être intégré « dans la formation de ses diplomates » comme « un des plus importants produits d'exportation culturelle du pays » selon une brochure officielle de l'ambassade de Norvège en France de 2009 [p. 20].
On se trouve devant un genre musical bien particulier de musique populaire enregistrée, issu du rock, du punk et du metal (sans accent et sans italiques comme le préconise l'auteur), surtout de Black Sabbath et de Venom, mais avec son jeu de scène bien marqué, son imaginaire et sa mythologie sataniques. Mais au-delà, peut-on définir un style musical particulier au black metal, parmi les différentes variantes, trash ou death, symphonique ou pagan, progressif ou punk, du metal ?
C'est ce que Bérenger Hainaut, musicien et musicologue, va tenter en recherchant les possibles « invariants musicaux » par le biais d'écoutes à l'aveugle et d'études de sonogrammes, entre autres, à partir d'un corpus de base (Burzum, Darkthrone, Gorgoroth, Immortal, Marduk, Mayhem, Satyricon) et de recherches dans la littérature musicale, de l'étude musicologique en passant par le magazine et le fanzine, sans oublier la culture orale interindividuelle véhiculée par les amateurs passionnés...
S'attachant d'abord aux spécificités du rythme et du jeu de batterie, aux sons et techniques de guitare, à la texture de l'enregistrement volontairement low-fi, à la vocalité et au voisement, enfin au matériau harmonique et aux divers enchaînements d'accords, il clôt chaque chapitre par une synthèse, ce qui permet à tout lecteur intrigué par l'histoire du rock de s'y retrouver.
Plus un glossaire, une triple discographie, des annexes, tables et index très complets. À lire et consulter avec profit.
Alain Lambert
19 juillet 2017
Alain Lambert : alain@musicologie.org - Ses derniers articles : Le premier « Tribute Fest » de Luc-sur-Mer : estival et festif —Autour du manuscrit de Bayeux : entre jazz et musique ancienne — Samsara avec Richard Foy en invité : un tribute détonnant à Sonny Simmons ! — Arkady Shilkloper et Vadim Neselovskyi : Lustrum, un duo jazz triplement insolite ! — Les doigts de l'homme, Le cœur des vivants : 50 nuances tout en doigté ! — Aristophane, Agathe Mélinand, Laurent Pelly, Les oiseaux : une chorégie ailée — Jan Garbarek Group, plus quelques images (sonores) de Jazz sous les pommiers — Plus sur Alain Lambert, tous ses articles.
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