Paul Claudel, Jean-Giroud, Le Chemin de la Croix, Pascal Vigneron (orgue de la cathédrale de Toul), Brigite Fossey (récitante). Quantum, 2017 (QM 7090).
Enregistré à Toul en avril 2017.
Jean Giroud (1910-1997 est un des grands organistes (et compositeurs) français, nés au début du xxe siècle, comme Olivier Messiaen (titulaire de l’orgue de la Trinité à Paris), Line Zilgien, Maurice Durufflé, Gaston Litaise, Jean-Jacques Grunenwald, Jehan Alain, André Fleury, talonnés chronologiquement par des personnalités telles Jeanne Demessieux, Rolande Falcinelli, Pierre Cochereau ou René Saorgin.
Il a bénéficié des enseignements de Marcel Dupré, Charles Tournemire et de Joseph Bonnet, pour l’orgue, mais aussi de Paul Dukas, pour la composition, Alfred Cortot, pour le piano, André Pirro pour la musicologie.
Nommé à la tribune de l’église Saint-Louis de Grenoble en mai 1934, il y reste jusqu’à sa mort en 1997. Éloigné de la capitale, il anime la vie musicale grenobloise, crée un diplôme de musicologie à l’université, où il enseigne et dirige la chorale qui gagne une grande notoriété. Il entretient également des relations avec le monde musical et littéraire.
C’est en 1944 qu’il compose les Images, sur Le Chemin de la Croix, écrit par Paul Claudel en 1911, après onze années passées en Chine. Quatorze illustrations et une introduction sonores, pour ponctuer ou méditer chacune des stations évoquées par le poème.
Ce texte est dit pas Brigitte Fossey, qui a développé au cours des années une véritable carrière de lectrice en musique. L’emphase et la crudité du texte, surtout le choix de l’intimité — une voix rapprochée du micro et très peu de réverbération — pourrait inviter ici et là à moins de théâtralité, à opposer une certaine simplicité, un certain naturel à la faconde habitée du poème. C’est le parti pris adopté en 1999 par Laurent Terzieff (Philippe Brandeis à l’orgue), maître de la récitation, mais dans une prise réverbérée et avec un débit parfois rapide, rendant la compréhension difficile. Piège de la simplicité apparente des mots ? Ici au contraire, un effort d’élargissement et de projection de l’articulation permet d’apprécier les effets poétiques et la percussion des mots, leur beauté, mais aussi la fièvre mystique du propos.
Sur un tout autre plan sonore, au grand orgue de la Cathédrale de Toul, Pascal Vigneron emplit l’espace, en réponse à chacune des stations, reprenant l’exaltation fervente du poème, ses mouvements d’humeur, mais aussi une intériorité hors les mots.
Même si le sujet laisse totalement indifférent — comme cela est mon cas — on ne peut le rester à la beauté de ce récit et de cette musique, aux tensions dramatiques, où l’archaïsme, présent dans le texte et la musique, est prétexte à modernité.
Paul Claudel prétendait que l’important était ce qu’il avait à dire et non pas la manière dont il le disait. Pas vraiment.
Jésus tombe pour la troisième fois (plage 10).Jean-Marc Warszawski
2 octobre 2017
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Samedi 14 Septembre, 2024