Kneebody à Caen. Photographie © Gérard Boisnel.
De longues phrases en duo sax-trompette quasi labyrinthiques, ensemble ou en contre-chant, toujours impeccables dans la mise en place. Une rythmique lourde accentuée par la basse et le synthé basse, qui peut devenir aérienne au premier changement climatique venu, et ils sont nombreux. Des solos et des breaks époustouflants du batteur Nate Wood, comme s'il lui poussait plusieurs bras tout soudain. Des effets électroniques aux claviers, aussi sur les cuivres, particulièrement la trompette qui se déploie dans d'autres dimensions.
Une profusion de climats donc, dignes d'un « bulletin météo » qui pourrait rappeler Weather Report, le groupe culte jazz fusion du siècle dernier — un de leurs albums avait repris pour titre ce vers de Walt Whitman : I Sing the Body Electric — et le prolonger aujourd'hui. Au milieu d'autres influences, comme Miles Davis pour l'éclectisme survolté, Franck Zappa pour l'écriture parfois dada. Ou de plus actuelles sans doute pour ce groupe de Los Angeles en fin de tournée européenne, ici à Caen, avant Amsterdam et Londres. À la gloire des anti-héros, si l'on en croit le titre du dernier cédé paru. Ceux de la politique et du base-ball peut-être...
On se trouve un peu dérouté les deux premiers morceaux puis on se laisse prendre ensuite au jeu complice et chaleureux des musiciens. On regrette un peu que le saxophoniste Ben Wendel ne prenne pas plus de solos, mais comme le trompettiste Shane Endsley ne s'en prive pas, ni d'ailleurs Adam Benjamin aux claviers, on oublie vite. Une seule et longue impro pour Kaveh Rastegar à la basse électrique pendant le dernier morceau, un autre joli moment de ce concert impétueux mené tambour battant.
Au conservatoire de Caen mardi prochain, du baroque vénitien à tous les vents, avec l'ensemble habituel augmenté d'une sacqueboute, puis le suivant, Sibelius par l'Orchestre de Caen dirigé par Vahan Mardirossian.
Et du jazz l'an prochain avec le pianiste suédois Bobo Stenson le 6 février puis Verona le 3 avril.
Alain Lambert
14 novembre 2017
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